- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre XVI
Des Esseintes s’enferma dans sa chambre à coucher, se bouchant les oreilles aux coups de marteaux qui clouaient les caisses d’emballage apprêtées par les domestiques; chaque coup lui frappait le coeur, lui enfonçait une souffrance vive, en pleine chair. L’arrêt rendu par le médecin s’accomplissait; la crainte de subir, une fois de plus, les douleurs qu’il avait supportées, la peur d’une atroce agonie avaient agi plus puissamment sur des Esseintes que la haine de la détestable existence à laquelle la juridiction médicale le condamnait.
Et pourtant, se disait-il, il y a des gens qui vivent solitaires, sans parler à personne, qui s’absorbent à l’écart du monde, tels que les réclusionnaires et les trappistes, et rien ne prouve que ces malheureux et que ces sages deviennent des déments ou des phtisiques. Ces exemples, il les avait cités au docteur sans résultat; celui-ci avait répété d’un ton sec et qui n’admettait plus aucune réplique, que son verdict, d’ailleurs confirmé par l’avis de tous les nosographes de la névrose, était que la distraction, que l’amusement, que la joie, pouvaient seuls influer sur cette maladie dont tout le côté spirituel échappait à la force chimique des remèdes; et, impatienté par les récriminations de son malade, il avait, une dernière fois, déclaré qu’il se refusait à lui continuer ses soins s’il ne consentait pas à changer d’air, à vivre dans de nouvelles conditions d’hygiène.
Des Esseintes s’était aussitôt rendu à Paris, avait consulté d’autres spécialistes, leur avait impartialement soumis son cas, et, tous ayant, sans hésiter, approuvé les prescriptions de leur confrère, il avait loué un appartement encore inoccupé dans une maison neuve, était revenu à Fontenay et, blanc de rage, avait donné des ordres pour que le domestique préparât les malles.
Enfoui dans son fauteuil, il ruminait maintenant sur cette expresse observance qui bouleversait ses plans, rompait les attaches de sa vie présente, enterrait ses projets futurs. Ainsi, sa béatitude était finie! ce havre qui l’abritait, il fallait l’abandonner, rentrer en plein dans cette intempérie de bêtise qui l’avait autrefois battu!
Les médecins parlaient d’amusement, de distraction; et avec qui, et, avec quoi, voulaient-ils donc qu’il s’égayât et qu’il se plût?
Est-ce qu’il ne s’était pas mis lui-même au ban de la société? est-ce qu’il connaissait un homme dont l’existence essayerait, telle que la sienne, de se reléguer dans la contemplation, de se détenir dans le rêve? est-ce qu’il connaissait un homme capable d’apprécier la délicatesse d’une phrase, le subtil d’une peinture, la quintessence d’une idée, un homme dont l’âme fût assez chantournée, pour comprendre Mallarmé et aimer Verlaine?
Où, quand, dans quel monde devait-il sonder pour découvrir un esprit jumeau, un esprit détaché des lieux communs, bénissant le silence comme un bienfait, l’ingratitude comme un soulagement, la défiance comme un garage, comme un port?
Dans le monde où il avait vécu, avant son départ pour Fontenay? — Mais la plupart des hobereaux qu’il avait fréquentés, avaient dû, depuis cette époque, se déprimer davantage dans les salons, s’abêtir devant les tables de jeux, s’achever dans les lèvres des filles; la plupart même devaient s’être mariés; après avoir eu, leur vie durant, les restants des voyous, c’était leurs femmes qui possédaient maintenant les restes des voyoutes, car, maître des prémices, le peuple était le seul qui n’eût pas du rebut!
Quel joli chassé-croisé, quel bel échange que cette coutume adoptée par une société pourtant bégueule! se disait des Esseintes.
Puis, la noblesse décomposée était morte; l’aristocratie avait versé dans l’imbécillité ou dans l’ordure! Elle s’éteignait dans le gâtisme de ses descendants dont les facultés baissaient à chaque génération et aboutissaient à des instincts de gorilles fermentés dans des crânes de palefreniers et de jockeys, ou bien encore, ainsi que les Choiseul-Praslin, les Polignac, les Chevreuse, elle roulait dans la boue de procès qui la rendaient égale en turpitude aux autres classes.
Les hôtels mêmes, les écussons séculaires, la tenue héraldique, le maintien pompeux de cette antique caste avaient disparu. Les terres ne rapportant plus, elles avaient été avec les châteaux mises à l’encan, car l’or manquait pour acheter les maléfices vénériens aux descendants hébétés des vieilles races!
Les moins scrupuleux, les moins obtus, jetaient toute vergogne à bas; ils trempaient dans des gabegies, vannaient la bourbe des affaires, comparaissaient, ainsi que de vulgaires filous, en cour d’assises, et ils servaient à rehausser un peu la justice humaine qui, ne pouvant se dispenser toujours d’être partiale, finissait par les nommer bibliothécaires dans les maisons de force.
Cette âpreté de gain, ce prurit de lucre, s’étaient aussi répercutés dans cette autre classe qui s’était constamment étayée sur la noblesse, dans le clergé. Maintenant on apercevait, aux quatrièmes pages des journaux, des annonces de cors aux pieds guéris par un prêtre. Les monastères s’étaient métamorphosés en des usines d’apothicaires et de liquoristes. Ils vendaient des recettes ou fabriquaient eux-mêmes: l’ordre de Cîteaux, du chocolat, de la trappistine, de la semouline et de l’alcoolature d’arnica; les ff. maristes du biphosphate de chaux médicinal et de l’eau d’arquebuse; les jacobins de l’élixir antiapoplectique; les disciples de saint Benoît, de la bénédictine; les religieux de saint Bruno, de la chartreuse.
Le négoce avait envahi les cloîtres où, en guise d’antiphonaires, les grands livres de commerce posaient sur des lutrins. De même qu’une lèpre, l’avidité du siècle ravageait l’Église, courbait des moines sur des inventaires et des factures, transformait les supérieurs en des confiseurs et des médicastres, les frères lais et les convers, en de vulgaires emballeurs et de bas potards.
Et cependant, malgré tout, il n’y avait encore que les ecclésiastiques parmi lesquels des Esseintes pouvait espérer des relations appariées jusqu’à un certain point avec ses goûts; dans la société de chanoines généralement doctes et bien élevés, il aurait pu passer quelques soirées affables et douillettes; mais encore eût-il fallu qu’il partageât leurs croyances, qu’il ne flottât point entre des idées sceptiques et des élans de conviction qui remontaient de temps à autre, sur l’eau, soutenus par les souvenirs de son enfance.
Il eût fallu avoir des opinions identiques, ne pas admettre, et il le faisait volontiers dans ses moments d’ardeur, un catholicisme salé d’un peu de magie, comme sous Henri III, et d’un peu de sadisme, comme à la fin du dernier siècle. Ce cléricalisme spécial, ce mysticisme dépravé et artistement pervers vers lequel il s’acheminait, à certaines heures, ne pouvait même être discuté avec un prêtre qui ne l’eût pas compris ou l’eût aussitôt banni avec horreur.
Pour la vingtième fois, cet irrésoluble problème l’agitait. Il eût voulu que cet état de suspicion dans lequel il s’était vainement débattu, à Fontenay, prît fin; maintenant qu’il devait faire peau neuve, il eût voulu se forcer à posséder la foi, à se l’incruster dès qu’il la tiendrait, à se la visser par des crampons dans l’âme, à la mettre enfin à l’abri de toutes ces réflexions qui l’ébranlent et qui la déracinent; mais plus il la souhaitait et moins la vacance de son esprit se comblait, plus la visitation du Christ tardait à venir. À mesure même que sa faim religieuse s’augmentait, à mesure qu’il appelait de toutes ses forces, comme une rançon pour l’avenir, comme un subside pour sa vie nouvelle, cette foi qui se laissait voir, mais dont la distance à franchir l’épouvantait, des idées se pressaient dans son esprit toujours en ignition, repoussant sa volonté mal assise, rejetant par des motifs de bon sens, par des preuves de mathématique, les mystères et les dogmes!
Il faudrait pouvoir s’empêcher de discuter avec soi-même, se dit-il douloureusement; il faudrait pouvoir fermer les yeux, se laisser emporter par ce courant, oublier ces maudites découvertes qui ont détruit l’édifice religieux, du haut en bas, depuis deux siècles.
Et encore, soupira-t-il, ce ne sont ni les physiologistes ni les incrédules qui démolissent le catholicisme, ce sont les prêtres, eux-mêmes, dont les maladroits ouvrages extirperaient les convictions les plus tenaces.
Dans la bibliothèque dominicaine, un docteur en théologie, un frère prêcheur, le R.P. Rouard de Card, ne s’était-il pas trouvé qui, à l’aide d’une brochure intitulée: „De la falsification des substances sacramentelles“ avait péremptoirement démontré que la majeure partie des messes n’était pas valide, par ce motif que les matières servant au culte étaient sophistiquées par des commerçants.
Depuis des années, les huiles saintes étaient adultérées par de la graisse de volaille; la cire, par des os calcinés; l’encens, par de la vulgaire résine et du vieux benjoin. Mais ce qui était pis, c’était que les substances, indispensables au saint sacrifice, les deux substances sans lesquelles aucune oblation n’est possible, avaient, elles aussi, été dénaturées: le vin, par de multiples coupages, par d’illicites introductions de bois de Fernambouc, de baies d’hièble, d’alcool, d’alun, de salicylate, de litharge; le pain, ce pain de l’eucharistie qui doit être pétri avec la fine fleur des froments, par de la farine de haricots, de la potasse et de la terre de pipe!
Maintenant enfin, l’on était allé plus loin; l’on avait osé supprimer complètement le blé et d’éhontés marchands fabriquaient presque toutes les hosties avec de la fécule de pomme de terre!
Or, Dieu se refusait à descendre dans la fécule. C’était un fait indéniable, sûr; dans le second tome de sa théologie morale, S.E. le cardinal Gousset, avait, lui aussi, longuement traité cette question de la fraude au point de vue divin; et, suivant l’incontestable autorité de ce maître, l’on ne pouvait consacrer le pain composé de farine d’avoine, de blé sarrasin, ou d’orge, et si le cas demeurait au moins douteux pour le pain de seigle, il ne pouvait soutenir aucune discussion, prêter à aucun litige, quand il s’agissait d’une fécule qui, selon l’expression ecclésiastique, n’était, à aucun titre, matière compétente du sacrement.
Par suite de la manipulation rapide de la fécule et de la belle apparence que présentaient les pains azymes créés avec cette matière, cette indigne fourberie s’était tellement propagée que le mystère de la transsubstantiation n’existait presque jamais plus et que les prêtres et les fidèles communiaient, sans le savoir, avec des espèces neutres.
Ah! le temps était loin où Radegonde, reine de France, préparait elle-même le pain destiné aux autels, le temps où, d’après les coutumes de Cluny, trois prêtres ou trois diacres, à jeun, vêtus de l’aube et de l’amict, se lavaient le visage et les doigts, triaient le froment, grain à grain, l’écrasaient sous la meule, pétrissaient la pâte dans une eau froide et pure et la cuisaient eux-mêmes sur un feu clair, en chantant des psaumes!
Tout cela n’empêche, se dit des Esseintes, que cette perspective d’être constamment dupé, même à la sainte table, n’est point faite pour enraciner des croyances déjà débiles; puis, comment admettre cette omnipotence qu’arrêtent une pincée de fécule et un soupçon d’alcool? Ces réflexions assombrirent encore l’aspect de sa vie future, rendirent son horizon plus menaçant et plus noir.
Décidément, il ne lui restait aucune rade, aucune berge. Qu’allait-il devenir dans ce Paris où il n’avait ni famille ni amis? Aucun lien ne l’attachait plus à ce faubourg Saint-Germain qui chevrotait de vieillesse, s’écaillait en une poussière de désuétude, gisait dans une société nouvelle comme une écale décrépite et vide! Et quel point de contact pouvait-il exister entre lui et cette classe bourgeoise qui avait peu à peu monté, profitant de tous les désastres pour s’enrichir, suscitant toutes les catastrophes pour imposer le respect de ses attentats et de ses vols?
Après l’aristocratie de la naissance, c’était maintenant l’aristocratie de l’argent; c’était le califat des comptoirs, le despotisme de la rue du Sentier, la tyrannie du commerce aux idées vénales et étroites, aux instincts vaniteux et fourbes.
Plus scélérate, plus vile que la noblesse dépouillée et que le clergé déchu, la bourgeoisie leur empruntait leur ostentation frivole, leur jactance caduque, qu’elle dégradait par son manque de savoir-vivre, leur volait leurs défauts qu’elle convertissait en d’hypocrites vices; et, autoritaire et sournoise, basse et couarde, elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, dire que je vais rentrer dans la turpide et servile cohue du siècle! Il appelait à l’aide pour se cicatriser, les consolantes maximes de Schopenhauer, il se répétait le douloureux axiome de Pascal „L’âme ne voit rien qui ne l’afflige quand elle y pense“, mais les mots résonnaient, dans son esprit comme des sons privés de sens son ennui les désagrégeait, leur ôtait toute signification, toute vertu sédative, toute vigueur effective et douce.
Il s’apercevait enfin que les raisonnements du pessimisme étaient impuissants à le soulager, que l’impossible croyance en une vie future serait seule apaisante.
Un accès de rage balayait, ainsi qu’un ouragan, ses essais de résignation, ses tentatives d’indifférence. Il ne pouvait se le dissimuler, il n’y avait rien, plus rien, tout était par terre; les bourgeois bâfraient de même qu’à Clamart sur leurs genoux, dans du papier, sous les ruines grandioses de l’Église qui étaient devenues un lieu de rendez-vous, un amas de décombres, souillées par d’inqualifiables quolibets et de scandaleuses gaudrioles. Est-ce que, pour montrer une bonne fois qu’il existait, le terrible Dieu de la Genèse et le pâle Décloué du Golgotha n’allaient point ranimer les cataclysmes éteints, rallumer les pluies de flamme qui consumèrent les cités jadis réprouvées et les villes mortes? Est-ce que cette fange allait continuer à couler et à couvrir de sa pestilence ce vieux monde où ne poussaient plus que des semailles d’iniquités et des moissons d’opprobres?
La porte s’ouvrit brusquement; dans le lointain, encadrés par le chambranle, des hommes coiffés d’un lampion, avec des joues rasées et une mouche sous la lèvre, parurent, maniant des caisses et charriant des meubles, puis la porte se referma sur le domestique qui emportait des paquets de livres. Des Esseintes tomba, accablé, sur une chaise. — Dans deux jours je serai à Paris; allons, fit-il, tout est bien fini; comme un raz de marée, les vagues de la médiocrité humaine montent jusqu’au ciel et elles vont engloutir le refuge dont j’ouvre, malgré moi, les digues. Ah! le courage me fait défaut et le coeur me lève! — Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir!
Sechzehntes Kapitel
Der Herzog hatte sich in seinem Schlafzimmer eingeschlossen und sich die Ohren verstopft, um nicht die Hammerschläge zu hören, die vom Zunageln der Packkisten, die die beiden alten Diener fertig machten, herüberhallten. Jeder Schlag traf sein Herz und schlug ihm eine tiefe Wunde ins volle Fleisch.
Der Ausspruch des Arztes verwirklichte sich. Die Furcht, nochmals die Schmerzen, die er ertragen hatte, durchmachen zu müssen, und die Angst vor einem gräßlichen Todeskampf hatten mächtiger auf den Herzog gewirkt, als der Haß auf die niederträchtige Existenz, zu der ihn das Urteil des Arztes verdammte.
„Und doch gibt es Leute,“ murmelte er, „die zurückgezogen leben, ohne mit jemandem zu sprechen, die sich fern von der Welt verzehren, so wie die Zuchthäusler und die Trappisten, und nichts beweist, daß diese Unglücklichen, wie auch die Weisen wahnsinnig oder schwindsüchtig werden.“
Er hatte diese Beispiele dem Doktor ohne Erfolg angeführt. Dieser hatte ihm in trocknem Ton wiederholt, der keine Einrede zuließ, daß seine Ansicht, die übrigens durch die Ansicht aller Krankheitsbeschreiber des Nervenleidens bestätigt wurde, daß allein Zerstreuung, Vergnügen, Freude auf die Krankheit Ein fluß haben könnte, die richtige wäre. Ungeduldig gemacht durch die Gegenklagen seines Kranken, hatte er ein für allemal erklärt, daß er sich weigre, seine Behandlung fortzusetzen, wenn er nicht einwillige, die Luft zu wechseln und nach den neuen Vorschriften der Gesundheitslehre zu leben.
Herzog Jean hatte sich nach Paris begeben und andre Spezialisten zu Rate gezogen, ihnen unparteiisch seinen Fall vorgelegt, und nachdem alle ohne Zögern die Verschreibungen ihres Fachgenossen gebilligt hatten, hatte er eine leere Wohnung in einem neuen Hause gemietet, war nach Fontenay zurückgekehrt und hatte, außer sich vor Wut, den alten Dienern befohlen, die Koffer zu packen.
Tief in seinen Sessel gedrückt, grübelte er jetzt über die Wandlung nach, die seine Pläne umstürzte, die die Neigungen seines jetzigen Lebens zerstörte, seine zukünftigen Projekte begrub. Er mußte diesen Hafen, der ihn schützte, verlassen, wieder von neuem in den Sturm von Albernheiten hinaustreten, der ihn früher niedergeworfen hatte!
Die Ärzte sprachen von Vergnügungen, Zerstreuungen; ja aber mit wem und womit sollte er sich denn erheitern und zerstreun?
Hatte er sich nicht selbst aus der Gesellschaft gestoßen? Kannte er einen Menschen, der es versuchen möchte, so wie er sich in Betrachtungen zu verbannen, sich in Träumerein zu verlieren? Kannte er auch nur einen Menschen, der imstande war, den Scharfsinn eines Satzes, die Feinheit einer Malerei, die Quintessenz eines Gedankens zu schätzen, einen Menschen, dessen Seele fein genug war, einen Mallarmé zu verstehn, einen Verlaine zu lieben?
Wo, wann und in welcher Gesellschaft sollte er suchen, einen Geistesgenossen zu finden, einen Geist, abgesondert von allen Gemeinplätzen, der das Schweigen wie eine Wohltat, den Undank wie eine Erleichterung, das Mißtraun wie einen Schutz, wie einen Hafen segnete? In der Welt, in der er vor seiner Abreise nach Fontenay gelebt hatte? — Die meisten dieser Junker, mit denen er verkehrt, waren seit jener Zeit noch mehr in den Salons verdummt, waren noch mehr an den Spieltischen versumpft, an den Küssen der Dirnen noch mehr verliedert. Die meisten mochten sogar verheiratet sein.
„Welch hübscher Wechsel, welch schöner Tausch war doch diese von der sonst so prüden Gesellschaft angenommne Gewohnheit!“ träumte der Herzog vor sich hin.
War denn nicht auch der alte Adel in Fäulnis geraten? War die Aristokratie nicht dem Stumpfsinn und der Versumpfung anheimgefallen? Sie erlosch in der Herabgekommenheit ihrer Nachkommen, deren Fähigkeiten bei jeder Generation schwächer wurden und deren Gorillainstinkte eines Stallknechts und Jockeis würdig waren.
Die Klöster waren in Apotheken und Likörfabriken verwandelt. Sie verkauften Rezepte oder machten sie selbst: der Orden der Zisterzienser zum Beispiel Schokolade; Trappisten Nudeln und aromatische Weingeistarnika; die Dominikanermönche fabrizierten gegen den Schlagfluß wirkende Elixiere; die Jünger des heiligen Benedikt Benediktinerlikör; die Mönche des heiligen Bruno Chartreuse.
Der Handel hatte die Klöster überschwemmt: statt der Chorbücher standen große Handelsregister auf den Kirchenpulten. Dem Aussatze gleich zerstörte die Gier die Kirche, sie beugte die Mönche über die Inventuren und Rechnungen, verwandelte die Kirchenväter in Zuckerbäcker und Quacksalber, die Laienbrüder und Klosterdiener in gewöhnliche Packer und Krukenverschließer.
Und dennoch waren es nur noch die Geistlichen, bei denen der Herzog Verbindungen erhoffen konnte, die bis auf einen gewissen Grad seinem Geschmack gleichkamen. In der Gesellschaft der Stiftsherren, im allgemeinen gelehrt und wohlerzogen, könnte er einige angenehme und interessante Abende verbringen. Aber dazu war es nötig, daß er ihren Glauben teilte, daß er nicht zwischen skeptischen Ideen und Überzeugungssprüngen schwankte, die von Zeit zu Zeit, durch die Erinnerungen seiner Kindheit unterstützt, auftauchten.
Er hätte identische Meinungen hegen müssen und nicht, wie er es gern in den Augenblicken der Erregung tat, einen mit etwas Magie gesalznen Katholizismus anerkennen dürfen.
Dieser besondre Klerikalismus, dieser verderbte und künstlich lasterhafte Mystizismus, auf den er in gewissen Stunden lossteuerte, konnte sogar mit einem Priester nicht besprochen werden, der ihn nicht begriffen und ihn sofort mit Entsetzen verbannt hätte.
Zum zwanzigstenmal erregte ihn dies unlösliche Rätsel. Er hätte gewünscht, daß dieser argwöhnische Zustand, gegen den er vergeblich in Fontenay gekämpft hatte, ein Ende nähme, jetzt, wo er aus sich herausgehn sollte; er hätte sich zwingen mögen, den wahren Glauben zu besitzen, sich ihn tief einzuprägen, sobald er ihn hielte, ihn mit Klammern in seiner Seele zu befestigen, ihn endlich in Sicherheit zu bringen vor allen Grübelein, die ihn schwankend machten.
„Könnte man doch jedes Grübeln aufgeben!“ murmelte der Herzog mit einem schmerzlichen Seufzer; „man müßte die Augen schließen können, sich durch die Strömung forttreiben lassen und diese verfluchten Entdeckungen vergessen können, die das religiöse Gebäude seit zwei Jahrhunderten von oben bis unten erschüttert haben.“
„Und noch dazu sind es nicht einmal die Ungläubigen, noch die Physiologen,“ seufzte er, „die den Katholizismus niederreißen; es sind die Priester selbst, deren ungeschickte Werke die hartnäckigsten Überzeugungen ausrotten können.
Hatte sich nicht ein Doktor der Theologie, ein Predigerbruder, der hochwürdige Pater Rouard de Card, erdreistet, in einer Broschüre: ‚Die Fälschungen der sakramentalen Substanzen‘ unumstößlich zu beweisen, daß der größte Teil der Messen aus dem Grunde nicht gültig war, weil die dem Kultus dienenden Stoffe durch die Verkäufer gefälscht waren?“
Seit Jahren waren die heiligen Öle mit Hühnerfett, das Wachs mit verkalkten Knochen, der Weihrauch mit gewöhnlichem und altem Benzoeharz verfälscht worden.
Aber noch schlimmer war, daß Substanzen, die dem heiligen Opfer unentbehrlich waren, verfälscht wurden; der Wein durch mannigfaltiges Verschneiden, durch unerlaubte Einführung von Fernambukoholz, Attichbeeren, Alkohol, Alaun, Salizylsäure, Bleiglätte; das Brot, dies Brot des heiligen Abendmahls, das aus dem feinsten Weizen geknetet werden soll, durch Erbsenmehl, Pottasche und Pfeifenerde.
Ja man war noch weiter gegangen, man hatte gewagt, das Korn vollständig wegzulassen, und schamlose Händler fabrizierten fast alle Hostien aus Kartoffelmehl!
Ach! die Zeit war fern, wo Radegonde, Königin von Frankreich, selbst das für den Altar bestimmte Brot bereitete, wo nach den Gebräuchen von Cluny drei Priester oder drei Diakonen, nüchtern, mit weißem Chorhemd und Achseltüchern bekleidet, sich das Gesicht und die Hände, wuschen und den Weizen Korn für Korn aussuchten, ihn unter dem Mühlstein zermalmten, den Teig in kaltem reinen Wasser kneteten und ihn selbst auf einem hellen Feuer buken und Psalme dabei sangen!
Diese Betrachtungen verdüsterten noch mehr die Aussicht auf sein künftiges Leben und färbten seinen Horizont noch drohender und dunkler.
Wahrlich, ihm blieb keine Reede, kein Ufer offen! Was würde aus ihm werden in diesem Paris, wo er weder Familie noch Freunde besaß? Kein Band verknüpfte ihn mehr mit dem Faubourg Saint-Germain, das vor Altersschwäche zitterte, sich im Staub des Verfalls abbröckelte und in einer neuen Gesellschaft wie eine zerbrochne, leere Schale dalag!
Und welch eine Verbindung konnte zwischen ihm und der bürgerlichen Klasse existieren, die nach und nach emporgestiegen war, die Vorteil aus allen Mißgeschicken zog, um sich zu bereichern?
Nach der Aristokratie der Geburt war es jetzt die Geldaristokratie, der Despotismus des Handels mit feilen und engherzigen Ideen, eiteln und schurkischen Instinkten.
Gemeiner, ruchloser als der entartete Adel und die gesunkne Geistlickeit war das Bürgertum, das ihnen ihre eitlen Prahlereien, ihre einfältige Ruhmredigkeit entlehnte, die es durch seinen Mangel an Lebensart erniedrigte, während es ihre Fehler in heuchlerische Laster verwandelte. Und wie herrisch und tückisch, wie niedrig und feige schoß es mitleidslos auf seinen ewigen und doch unentbehrlichen Geprellten, den Pöbel, seine Kartätschen ab, dem es selbst den Maulkorb abgenommen und entmündigt hatte, um den alten Ständen den Garaus zu machen.
Das war jetzt eine abgemachte Tatsache. Nun, wo seine Arbeit getan war, hatte man gesundheitshalber den Pöbel bis aufs Blut geschröpft; und der nun beruhigte Bürger herrschte vergnügt durch die Macht des Geldes und die Ansteckung seiner Dummheit.
Die Folge seiner Erhebung war die Vernichtung aller Intelligenz, die Verneinung aller Rechtschaffenheit, der Tod jeder Kunst. So lagen die verächtlichen Künstler auf den Knien und küßten inbrünstig die Füße der hohen Pferdehändler und gemeinen Satrapen, deren Almosen sie ernährte!
Es war über die Malerei eine Sintflut von kraftlosen Albernheiten, in der eine Völlerei glatten Stils und feiger Ideen herrschte, hereingebrochen. Denn der Geschäftsintrigant will Rechtschaffenheit; der Freibeuter will Tugend; wer nach einer Mitgift für seinen Sohn jagt, sträubt sich, sie für seine Tochter zu zahlen; der Anhänger Voltaires sucht keusche Liebe; wer die Geistlichkeit der Notzucht beschuldigt, treibt sich dumm und heuchlerisch in den unordentlichen Zimmern der Dirnen herum.
Es war die große Galeere Amerikas, die nach Europa verschlagen war. Es war die ungeheure und unerhörte Anmaßung des Geldmenschen und Emporkömmlings, die wie eine gemeine Sonne über die götzendienerische Stadt strahlte, die im Staube vor dem ruchlosen Tabernakel der Bankhäuser zotige Gesänge ausstößt.
„Stürze doch zusammen, Gesellschaft! Stirb doch, alte Welt!“ rief der Herzog empört über das gemeine Schauspiel, das er heraufbeschwor; dieser Schrei brach den Alp, der ihn bedrückte.
„Ach!“ seufzte er, „und sich sagen zu müssen, daß dies alles kein Traum ist! Daß ich wieder in das schändlich gemeine Gewühl des Jahrhunderts hineingeworfen werde“ ! Um sich zu beschwichtigen, rief er die tröstenden Lebensregeln Schopenhauers zu Hilfe; er wiederholte sich den schmerzlichen Grundsatz Pascals: „Die Seele sieht nichts, was sie nicht betrübt, wenn sie daran denkt.“ Aber die Worte hallten in seinem Gehirn wider wie Laute ohne Sinn; sein Verdruß zersplitterte sie, entzog ihnen jede Bedeutung, jede beruhigende Wirkung, jede wirkliche und sanfte Kraft.
Er sah schließlich ein, daß die Beweisgründe des Pessimismus ohnmächtig waren, ihn zu erleichtern, daß der unmögliche Glaube an ein zukünftiges Leben allein beruhigend wirkte.
Ein Wutausbruch fegte gleich einem Orkan seine Versuche der Entsagung und der Gleichgültigkeit hinweg. Er konnte es sich nicht mehr verhehlen, es gab nichts, gar nichts mehr. Alles war vernichtet!
Zeigte der schreckliche Gott der Schöpfung und der blasse Losgenagelte von Golgatha nicht einmal wirklich, daß er existierte, erneuerte er nicht wieder die Sintfluten, zündete er nicht wieder die Flammenregen an, die einst die verdammten und toten Städte verzehrt hatten!?
Fuhr dieser Schlamm fort, zu fließen und mit seinem Pesthauch die alte Welt zu vergiften, wo nur noch Saaten von Freveltaten und Ernten von Schande aufgingen!? — — —
Plötzlich ging die Tür auf. In der Ferne, von den Türpfosten umrahmt, sah man kräftige Männer in Arbeitstracht, die große Kisten und Möbel auf den breiten Nacken hinaustrugen. Dann schloß sich die Türe wieder hinter dem alten Diener, der Pakete mit Büchern geholt hatte.
Der Herzog fiel vernichtet auf einen Stuhl.
„In zwei Tagen werde ich in Paris sein,“ murmelte er, „nun ist alles zu Ende! Wie eine Springflut steigen die Wogen der menschlichen Mittelmäßigkeit bis zum Himmel, und sie werden den Zufluchtsort verschlingen, dessen Dämme ich wider meinen Willen öffnen muß. Ach! Mir fehlt der Mut!
Jesus Christus habe Mitleid mit dem Christen, der zweifelt, mit dem Ungläubigen, der glauben möchte, dem Sklaven des Lebens, der allein hinaussteuert in die Nacht, unter einen Himmel, an dem keine tröstenden Sterne alter Hoffnungen mehr leuchten.“