- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre VIII
Il avait toujours raffolé des fleurs, mais cette passion qui, pendant ses séjours à Jutigny, s’était tout d’abord étendue à la fleur, sans distinction ni d’espèces ni de genres, avait fini par s’épurer, par se préciser sur une seule caste.
Depuis longtemps déjà, il méprisait la vulgaire plante qui s’épanouit sur les éventaires des marchés parisiens, dans des pots mouillés, sous de vertes bannes ou sous de rougeâtres parasols.
En même temps que ses goûts littéraires, que ses préoccupations d’art, s’étaient affinés, ne s’attachant plus qu’aux oeuvres triées à l’étamine, distillées par des cerveaux tourmentés et subtils; en même temps aussi que sa lassitude des idées répandues s’était affirmée, son affection pour les fleurs s’était dégagée de tout résidu, de toute lie, s’était clarifiée, en quelque sorte, rectifiée.
Il assimilait volontiers le magasin d’un horticulteur à un microcosme où étaient représentées toutes les catégories de la société: les fleurs pauvres et canailles, les fleurs de bouge, qui ne sont dans leur vrai milieu que lorsqu’elles reposent sur des rebords de mansardes, les racines tassées dans des boîtes au lait et de vieilles terrines, la giroflée, par exemple; les fleurs prétentieuses, convenues, bêtes, dont la place est seulement dans des cache-pots de porcelaine peints par des jeunes filles, telles que la rose; enfin les fleurs de haute lignée telles que les orchidées, délicates et charmantes, palpitantes et frileuses; les fleurs exotiques, exilées à Paris, au chaud dans des palais de verre; les princesses du règne végétal, vivant à l’écart, n’ayant plus rien de commun avec les plantes de la rue et les flores bourgeoises.
En somme, il ne laissait pas que d’éprouver un certain intérêt, une certaine pitié, pour les fleurs populacières exténuées par les haleines des égouts et des plombs, dans les quartiers pauvres; il exécrait, en revanche, les bouquets en accord avec les salons crème et or des maisons neuves; il réservait enfin, pour l’entière joie de ses yeux, les plantes distinguées, rares, venues de loin, entretenues avec des soins rusés, sous de faux équateurs produits par les souffles dosés des poêles.
Mais ce choix définitivement posé sur la fleur de serre s’était lui-même modifié sous l’influence de ses idées générales, de ses opinions maintenant arrêtées sur toute chose; autrefois, à Paris, son penchant naturel vers l’artifice l’avait conduit à délaisser la véritable fleur pour son image fidèlement exécutée, grâce aux miracles des caoutchoucs et des fils, des percalines et des taffetas, des papiers et des velours.
Il possédait ainsi une merveilleuse collection de plantes des Tropiques, ouvrées par les doigts de profonds artistes, suivant la nature pas à pas, la créant à nouveau, prenant la fleur dès sa naissance, la menant à maturité, la simulant jusqu’à son déclin; arrivant à noter les nuances les plus infinies, les traits les plus fugitifs de son réveil ou de son repos; observant la tenue de ses pétales, retroussés par le vent ou fripés par la pluie; jetant sur ses corolles matineuses, des gouttes de rosée en gomme; la façonnant, en pleine floraison, alors que les branches se courbent sous le poids de la sève, ou élançant sa tige sèche, sa cupule racornie, quand les calices se dépouillent et quand les feuilles tombent.
Cet art admirable l’avait longtemps séduit, mais il rêvait maintenant à la combinaison d’une autre flore.
Après les fleurs factices singeant les véritables fleurs, il voulait des fleurs naturelles imitant des fleurs fausses.
Il dirigea ses pensées dans ce sens; il n’eut point à chercher longtemps, à aller loin, puisque sa maison était située au beau milieu du pays des grands horticulteurs. Il s’en fut tout bonnement visiter les serres de l’avenue de Châtillon et de la vallée d’Aunay, revint éreinté, la bourse vide, émerveillé des folies de végétation qu’il avait vues, ne pensant plus qu’aux espèces qu’il avait acquises, hanté sans trêve par des souvenirs de corbeilles magnifiques et bizarres.
Deux jours après, les voitures arrivèrent.
Sa liste à la main, des Esseintes appelait, vérifiait ses emplettes, une à une.
Les jardiniers descendirent de leurs carrioles une collection de Caladiums qui appuyaient sur des tiges turgides et velues d’énormes feuilles, de la forme d’un coeur; tout en conservant entre eux un air de parenté, aucun ne se répétait.
Il y en avait d’extraordinaires, des rosâtres, tels que le Virginale qui semblait découpé dans de la toile vernie, dans du taffetas gommé d’Angleterre; de tout blancs, tels que l’Albane, qui paraissait taillé dans la plèvre transparente d’un boeuf, dans la vessie diaphane d’un porc; quelques-uns, surtout le Madame Mame, imitaient le zinc, parodiaient des morceaux de métal estampé, teints en vert empereur, salis par des gouttes de peinture à l’huile, par des taches de minium et de céruse; ceux-ci, comme le Bosphore, donnaient l’illusion d’un calicot empesé, caillouté de cramoisi et de vert myrte; ceux-là, comme l’Aurore Boréale, étalaient une feuille couleur de viande crue, striée de côtes pourpre, de fibrilles violacées, une feuille tuméfiée, suant le vin bleu et le sang.
Avec l’Albane, l’Aurore présentait les deux notes extrêmes du tempérament, l’apoplexie et la chlorose de cette plante.
Les jardiniers apportèrent encore de nouvelles variétés; elles affectaient, cette fois, une apparence de peau factice sillonnée de fausses veines; et, la plupart, comme rongées par des syphilis et des lèpres, tendaient des chairs livides, marbrées de roséoles, damassées de dartres; d’autres avaient le ton rose vif des cicatrices qui se ferment ou la teinte brune des croûtes qui se forment; d’autres étaient bouillonnées par des cautères, soulevées par des brûlures; d’autres encore montraient des épidermes poilus, creusés par des ulcères et repoussés par des chancres; quelques-unes, enfin, paraissaient couvertes de pansements, plaquées d’axonge noire mercurielle, d’onguents verts de belladone, piquées de grains de poussière, par les micas jaunes de la poudre d’iodoforme.
Réunies entre elles, ces fleurs éclatèrent devant des Esseintes, plus monstrueuses que lorsqu’il les avait surprises, confondues avec d’autres, ainsi que dans un hôpital, parmi les salles vitrées des serres.
— Sapristi! fit-il enthousiasmé.
Une nouvelle plante, d’un modèle similaire à celui des Caladiums, l’„Alosacia Metallica“, l’exalta encore. Celle-là était enduite d’une couche de vert bronze sur laquelle glissaient des reflets d’argent; elle était le chef-d’oeuvre du factice; on eût dit d’un morceau de tuyau de poêle, découpé en fer de pique, par un fumiste.
Les hommes débarquèrent ensuite des touffes de feuilles, losangées, vert-bouteille; au milieu s’élevait une baguette au bout de laquelle tremblotait un grand as de coeur, aussi vernissé qu’un piment; comme pour narguer tous les aspects connus des plantes, du milieu de cet as d’un vermillon intense, jaillissait une queue charnue, cotonneuse, blanche et jaune, droite chez les unes, tire-bouchonnée, tout en haut du coeur, de même qu’une queue de cochon, chez les autres. C’était l’Anthurium, une aroïdée récemment importée de Colombie en France; elle faisait partie d’un lot de cette famille à laquelle appartenait aussi un Amorphophallus, une plante de Cochinchine, aux feuilles taillées en truelles à poissons, aux longues tiges noires couturées de balafres, pareilles à des membres endommagés de nègre.
Des Esseintes exultait.
On descendait des voitures une nouvelle fournée de monstres: des Echinopsis, sortant de compresses en ouate des fleurs d’un rose de moignon ignoble; des Nidularium, ouvrant, dans des lames de sabres, des fondements écorchés et béants; des „Tillandsia Lindeni“ tirant des grattoirs ébréchés, couleur de moût de vin; des Cypripedium, aux contours compliqués, incohérents, imaginés par un inventeur en démence. Ils ressemblaient à un sabot, à un vide-poche, au-dessus duquel se retrousserait une langue humaine, au filet tendu, telle qu’on en voit dessinées sur les planches des ouvrages traitant des affections de la gorge et de la bouche; deux petites ailettes, rouge de jujube, qui paraissaient empruntées à un moulin d’enfant, complétaient ce baroque assemblage d’un dessous de langue, couleur de lie et d’ardoise, et d’une pochette lustrée dont la doublure suintait une visqueuse colle.
Il ne pouvait détacher ses yeux de cette invraisemblable orchidée issue de l’Inde; les jardiniers que ces lenteurs ennuyaient se mirent à annoncer, eux-mêmes, à haute voix, les étiquettes piquées dans les pots qu’ils apportaient.
Des Esseintes regardait, effaré, écoutant sonner les noms rébarbatifs des plantes vertes: l’„Encephalarios horridus“, un gigantesque artichaut de fer, peint en rouille, tel qu’on en met aux portes des châteaux, afin d’empêcher les escalades; le „Cocos Micania“, une sorte de palmier, dentelé et grêle, entouré, de toutes parts, par de hautes feuilles semblables à des pagaies et à des rames; le „Zamia Lehmanni“, un immense ananas, un prodigieux pain de Chester, planté dans de la terre de bruyère et hérissé, à son sommet, de javelots barbelés et de flèches sauvages; le „Cibotium Spectabile“, enchérissant sur ses congénères, par la folie de sa structure, jetant un défi au rêve, en élançant dans un feuillage palmé, une énorme queue d’orang-outang, une queue velue et brune au bout contourné en crosse d’évêque.
Mais il les contemplait à peine, attendait avec impatience la série des plantes qui le séduisaient, entre toutes, les goules végétales, les plantes carnivores, le Gobe-Mouche des Antilles, au limbe pelucheux, sécrétant un liquide digestif, muni d’épines courbes se repliant, les unes sur les autres, formant une grille au-dessus de l’insecte qu’il emprisonne; les Drosera des tourbières garnis de crins glanduleux, les Sarracena, les Cephalothus, ouvrant de voraces cornets capables de digérer, d’absorber, de véritables viandes; enfin le Népenthès dont la fantaisie dépasse les limites connues des excentriques formes.
Il ne put se lasser de tourner et de retourner entre ses mains, le pot où s’agitait cette extravagance de la flore. Elle imitait le caoutchouc dont elle avait la feuille allongée, d’un vert métallique et sombre, mais du bout de cette feuille pendait une ficelle verte, descendait un cordon ombilical supportant une urne verdâtre, jaspée de violet, une espèce de pipe allemande en porcelaine, un nid d’oiseau singulier, qui se balançait, tranquille, montrant un intérieur tapissé de poils.
— Celle-là va loin, murmura des Esseintes.
Il dut s’arracher à son allégresse, car les jardiniers, pressés de partir, vidaient le fond de leurs charrettes, plaçaient pêle-mêle, des Bégonias tubéreux et des Crotons noirs tachetés de rouge de saturne, en tôle.
Alors il s’aperçut qu’un nom restait encore sur sa liste, le Cattleya de la Nouvelle-Grenade; on lui désigna une clochette ailée d’un lilas effacé, d’un mauve presque éteint; il s’approcha, mit son nez dessus et recula brusquement; elle exhalait une odeur de sapin verni, de boîte à jouets, évoquait les horreurs d’un jour de l’an.
Il pensa qu’il ferait bien de se défier d’elle, regretta presque d’avoir admis parmi les plantes inodores qu’il possédait, cette orchidée qui fleurait les plus désagréables des souvenirs.
Une fois seul, il regarda cette marée de végétaux qui déferlait dans son vestibule; ils se mêlaient, les uns aux autres, croisaient leurs épées, leurs kriss, leurs fers de lances, dessinaient un faisceau d’armes vertes, au-dessus duquel flottaient, ainsi que des fanions barbares, des fleurs aux tons aveuglants et durs.
L’air de la pièce se raréfiait; bientôt, dans l’obscurité d’une encoignure, près du parquet, une lumière rampa, blanche et douce, Il l’atteignit et s’aperçut que c’étaient des Rhizomorphes qui jetaient en respirant ces lueurs de veilleuses.
Ces plantes sont tout de même stupéfiantes, se dit-il; puis il se recula et en couvrit d’un coup d’oeil l’amas: son but était atteint; aucune ne semblait réelle; l’étoffe, le papier, la porcelaine, le métal, paraissaient avoir été prêtés par l’homme à la nature pour lui permettre de créer ses monstres, Quand elle n’avait pu imiter l’oeuvre humaine, elle avait été réduite à recopier les membranes intérieures des animaux, à emprunter les vivaces teintes de leurs chairs en pourriture, les magnifiques hideurs de leurs gangrènes.
Tout n’est que syphilis, songea des Esseintes, l’oeil attiré, rivé sur les horribles tigrures des Caladium que caressait un rayon de jour. Et il eut la brusque vision d’une humanité sans cesse travaillée par le virus des anciens âges. Depuis le commencement du monde, de pères en fils, toutes les créatures se transmettaient l’inusable héritage, l’éternelle maladie qui a ravagé les ancêtres de l’homme, qui a creusé jusqu’aux os maintenant exhumés des vieux fossiles!
Elle avait couru, sans jamais s’épuiser à travers les siècles; aujourd’hui encore, elle sévissait, se dérobant en de sournoises souffrances, se dissimulant sous les symptômes des migraines et des bronchites, des vapeurs et des gouttes; de temps à autre, elle grimpait à la surface, s’attaquant de préférence aux gens mal soignés, mal nourris, éclatant en pièces d’or, mettant, par ironie, une parure de sequins d’almée sur le front des pauvres diables, leur gravant, pour comble de misère, sur l’épiderme, l’image de l’argent et du bien-être!
Et la voilà qui reparaissait, en sa splendeur première, sur les feuillages colorés des plantes!
— Il est vrai, poursuivit des Esseintes, revenant au point de départ de son raisonnement, il est vrai que la plupart du temps la nature est, à elle seule, incapable de procréer des espèces aussi malsaines et aussi perverses; elle fournit la matière première, le germe et le sol, la matrice nourricière et les éléments de la plante que l’homme élève, modèle, peint, sculpte ensuite à sa guise.
Si entêtée, si confuse, si bornée qu’elle soit, elle s’est enfin soumise, et son maître est parvenu à changer par des réactions chimiques les substances de la terre, à user de combinaisons longuement mûries, de croisements lentement apprêtés, à se servir de savantes boutures, de méthodiques greffes, et il lui fait maintenant pousser des fleurs de couleurs différentes sur la même branche, invente pour elle de nouveaux tons, modifie, à son gré, la forme séculaire de ses plantes, débrutit les blocs, termine les ébauches, les marques de son étampe, leur imprime son cachet d’art.
Il n’y a pas à dire, fit-il, résumant ses réflexions; l’homme, peut en quelques années amener une sélection que la paresseuse nature ne peut jamais produire qu’après des siècles; décidément, par le temps qui court, les horticulteurs sont les seuls et les vrais artistes.
Il était un peu las et il étouffait dans cette atmosphère de plantes enfermées; les courses qu’il avait effectuées, depuis quelques jours, l’avaient rompu; le passage entre le grand air et la tiédeur du logis, entre l’immobilité d’une vie recluse et le mouvement d’une existence libérée, avait été trop brusque; il quitta son vestibule et fut s’étendre sur son lit; mais, absorbé par un sujet unique, comme monté par un ressort, l’esprit, bien qu’endormi, continua de dévider sa chaîne, et bientôt il roula dans les sombres folies d’un cauchemar.
Il se trouvait, au milieu d’une allée en plein bois, au crépuscule; il marchait à côté d’une femme qu’il n’avait jamais ni connue, ni vue; elle était efflanquée, avait des cheveux filasse, une face de bouledogue, des points de son sur les joues, des dents de travers lancées en avant sous un nez camus. Elle portait un tablier blanc de bonne, un long fichu écartelé en buffleterie sur la poitrine, des demi-bottes de soldat prussien, un bonnet noir orné de ruches et garni d’un chou.
Elle avait l’air d’une foraine, l’apparence d’une saltimbanque de foire.
Il se demanda quelle était cette femme qu’il sentait entrée, implantée depuis longtemps déjà dans son intimité et dans sa vie; il cherchait en vain son origine, son nom, son métier, sa raison d’être; aucun souvenir ne lui revenait de cette liaison inexplicable et pourtant certaine.
Il scrutait encore sa mémoire, lorsque soudain une étrange figure parut devant eux, à cheval, trotta pendant une minute et se retourna sur sa selle.
Alors, son sang ne fit qu’un tour et il resta cloué, par l’horreur, sur place. Cette figure ambiguë, sans sexe, était verte et elle ouvrait dans des paupières violettes, des yeux d’un bleu clair et froid, terribles; des boutons entouraient sa bouche; des bras extraordinairement maigres, des bras de squelette, nus jusqu’aux coudes, sortaient de manches en haillons, tremblaient de fièvre, et les cuisses décharnées grelottaient dans des bottes à chaudron, trop larges.
L’affreux regard s’attachait à des Esseintes, le pénétrait le glaçait jusqu’aux moelles — plus affolée encore, la femme bouledogue se serra contre lui et hurla à la mort, la tête renversée sur son cou roide.
Et aussitôt il comprit le sens de l’épouvantable vision. Il avait devant les yeux l’image de la Grande Vérole.
Talonné par la peur, hors de lui, il enfila un sentier de traverse, gagna, à toutes jambes, un pavillon qui se dressait parmi de faux ébéniers, à gauche; là, il se laissa tomber sur une chaise, dans un couloir.
Après quelques instants, alors qu’il commençait à reprendre haleine, des sanglots lui avaient fait lever la tête; la femme bouledogue était devant lui; et, lamentable et grotesque, elle pleurait à chaudes larmes, disant qu’elle avait perdu ses dents pendant la fuite, tirant de la poche de son tablier de bonne, des pipes en terre, les cassant et s’enfonçant des morceaux de tuyaux blancs dans les trous de ses gencives.
— Ah! çà, mais elle est absurde, se disait des Esseintes jamais ces tuyaux ne pourront tenir — et, en effet, tous coulaient de la mâchoire, les uns après les autres.
À ce moment, le galop d’un cheval s’approcha. Une effroyable terreur poigna des Esseintes; ses jambes se dérobèrent; le galop se précipitait; le désespoir le releva comme d’un coup de fouet; il se jeta sur la femme qui piétinait maintenant les fourneaux des pipes, la supplia de se taire, de ne pas les dénoncer par le bruit de ses bottes. Elle se débattait, il l’entraîna au fond du corridor, l’étranglant pour l’empêcher de crier, il aperçut, tout à coup, une porte d’estaminet, à persiennes peintes en vert, sans loquet, la poussa, prit son élan et s’arrêta.
Devant lui, au milieu d’une vaste clairière, d’immenses et blancs pierrots faisaient des sauts de lapins, dans des rayons de lune.
Des larmes de découragement lui montèrent aux yeux; jamais, non, jamais il ne pourrait franchir le seuil de la porte — je serais écrasé, pensait-il, — et, comme pour justifier ses craintes, la série des pierrots immenses se multipliait; leurs culbutes emplissaient maintenant tout l’horizon, tout le ciel qu’ils cognaient alternativement, avec leurs pieds et avec leurs têtes.
Alors les pas du cheval s’arrêtèrent. Il était là, derrière une lucarne ronde, dans le couloir; plus mort que vif, des Esseintes se retourna, vit par l’oeil-de-boeuf des oreilles droites, des dents jaunes, des naseaux soufflant deux jets de vapeur qui puaient le phénol.
Il s’affaissa, renonçant à la lutte, à la fuite; il ferma les yeux pour ne pas apercevoir l’affreux regard de la Syphilis qui pesait sur lui, au travers du mur, qu’il croisait quand même sous ses paupières closes, qu’il sentait glisser sur son échine moite, sur son corps dont les poils se hérissaient dans des mares de sueur froide. Il s’attendait à tout, espérait même pour en finir le coup de grâce; un siècle, qui dura sans doute une minute, s’écoula; il rouvrit, en frissonnant, les yeux. Tout s’était évanoui; sans transition, ainsi que par un changement à vue, par un truc de décor, un paysage minéral atroce fuyait au loin, un paysage blafard, désert, raviné, mort; une lumière éclairait ce site désolé, une lumière tranquille, blanche, rappelant les lueurs du phosphore dissous dans l’huile.
Sur le sol quelque chose remua qui devint une femme très pâle, nue, les jambes moulées dans des bas de soie verts.
Il la contempla curieusement; semblables à des crins crespelés par des fers trop chauds, ses cheveux frisaient en se cassant du bout; des urnes de Népenthès pendaient à ses oreilles; des tons de veau cuit brillaient dans ses narines entrouvertes. Les yeux pâmés, elle l’appela tout bas.
Il n’eut pas le temps de répondre, car déjà la femme changeait; des couleurs flamboyantes passaient dans ses prunelles; ses lèvres se teignaient du rouge furieux des Anthurium, les boutons de ses seins éclataient, vernis tels que deux gousses de piment rouge.
Une soudaine intuition lui vint: c’est la Fleur, se dit-il; et la manie raisonnante persista dans le cauchemar, dériva de même que pendant la journée de la végétation sur le Virus.
Alors il observa l’effrayante irritation. des seins et de la bouche, découvrit sur la peau du corps des macules de bistre et de cuivre, recula, égaré, mais l’oeil de la femme le fascinait et il avançait lentement, essayant de s’enfoncer les talons dans la terre pour ne pas marcher, se laissant choir, se relevant quand même pour aller vers elle; il la touchait presque lorsque de noirs Amorphophallus jaillirent de toutes parts, s’élancèrent vers ce ventre qui se soulevait et s’abaissait comme une mer. Il les avait écartés, repoussés, éprouvant un dégoût sans borne à voir grouiller entre ses doigts ces tiges tièdes et fermes; puis subitement, les odieuses plantes avaient disparu et deux bras cherchaient à l’enlacer; une épouvantable angoisse lui fit sonner le coeur à grands coups, car les yeux, les affreux yeux de la femme étaient devenus d’un bleu clair et froid, terribles. Il fit un effort surhumain pour se dégager de ses étreintes, mais d’un geste irrésistible, elle le retint, le saisit et, hagard, il vit s’épanouir sous les cuisses à l’air, le farouche Nidularium qui bâillait, en saignant, dans des lames de sabre.
Il frôlait avec son corps la blessure hideuse de cette plante; il se sentit mourir, s’éveilla dans un sursaut, suffoqué, glacé, fou de peur, soupirant: — Ah! ce n’est, Dieu merci, qu’un rêve.
Achtes Kapitel
Von jeher hatte der Herzog für Blumen geschwärmt.
Seit langem schon verachtete er die gewöhnlichen Pflanzen, denen man wohl in den flachen Körben auf den Pariser Märkten in angefeuchteten Töpfen unter den grünen Zelttüchern und roten Schirmen begegnet.
Wie sich sein literarischer Geschmack und sein Kunsturteil verfeinert und sich sein Überdruß an allgemein verbreiteten Ideen verstärkt hatte, so hatte sich auch seine Zärtlichkeit für Blumen von jedem Bodensatz und jeder Hefe losgemacht und geklärt.
Er verglich den Laden eines Gärtners mit einem Mikrokosmus, wo alle Klassen der Gesellschaft vertreten sind: jämmerliche, elende und erbärmliche Blumen, die sich nur auf den Fensterbrettern der Dachkammern wohl befinden, deren Wurzel oft in Milchtöpfe und alte Schalen gesteckt wird, wie zum Beispiel der Goldlack; anspruchsvolle und dumm gefallsüchtige Blumen, wie sie von jungen Mädchen auf Porzellantöpfe, wie zum Beispiel die Rose, gemalt werden; schließlich die Blumen hohen Geschlechts, wie die Orchideen, zart und reizend, zitternd und fröstelnd, exotische Blumen, die, nach Paris verbannt, in warmen Glaspalästen gezüchtet werden, Prinzessinen des Pflanzenreichs, die, für sich lebend, nichts gemein haben mit den Pflanzen der Straße und dem bürgerlichen Blumenflor.
Nichtsdestoweniger fühlte er ein gewisses Mitleid mit den niedern Blumen, die durch die Ausströmungen der Kloaken und Dünste aller Art in den ärmlichen Vierteln entkräftet werden; seine wirkliche Augenfreude waren die vornehmen und seltnen Pflanzen von weither, die mit größter Sorgfalt durch künstliche Ofenwärme erhalten werden.
Dieser entschiedne Vorzug der Treibhausblume hatte sich ebenfalls durch den Einfluß seiner allgemeinen Ideen ausgebildet. Damals in Paris hatte ihn seine natürliche Vorliebe für das Künstliche dahin geführt, die wirkliche Blume gegen ihr treu nachgeahmtes Bild aufzugeben, das dank den Wundern des Gummis, des Drahtes, des Taffets, des Papiers und des Sammts sein buntes Scheinleben führte.
Er besaß eine wunderbare Sammlung künstlicher tropischer Pflanzen, von den Händen tüchtiger Arbeiter angefertigt.
Diese bewunderungswürdige Kunst hatte ihn lange bezaubert, aber er träumte jetzt von der Zusammenstellung einer andern Flora.
Er machte sich daher daran, die Treibhäuser der Avenue de Châtillon und des Dorfes d’Aunay zu besuchen, kam todmüde nach Hause, die Börse leer, aber entzückt über die Tollheiten der Pflanzenwelt, die er gesehn hatte.
Er dachte nur noch an die Sorten, die er erworben hatte, ruhelos verfolgt von dem Gedanken an die prachtvollen und seltsamen Blumenbeete.
Zwei Tage später kamen mehrere Wagen. Mit der Liste in der Hand rief der Herzog seine Einkäufe auf und prüfte einen nach dem andern.
Die Gärtner hoben von ihrem Karren eine Sammlung von Caladien, die an gedunsenen haarigen Stielen enorme schildförmige Blätter trugen. Alle hatten einen Zug von Verwandtschaft miteinander, ohne sich indessen gleich zu sein.
Es waren darunter ganz ungewöhnliche rosenfarbige, solche wie die Virginale, die aus Wachstuch oder englischem Pflaster geschnitten zu sein schien; ganz weiße, wie der Alban, den man aus einer durchsichtigen Schweinsblase hergestellt wähnte; einige, besonders Madame Mama, sahen aus wie Zink, auf dem kleine Stückchen gestanzten Metalls glänzen, in kaisergrüner Farbe, wie mit Tropfen Ölfarbe, rotem Bleioxyd oder Bleiweiß bespritzt; andre, wie der Bosporus, glichen täuschend gestreiftem Kattun, rot und myrtengrün gesprenkelt; wieder andre, wie die Aurora Borealis, breiteten ihre fleischfarbnen Blätter aus, mit purpurroten Rändern und violetten Fäserchen, ein aufgeschwollnes Blatt, das rötlichen Wein und Blut schwitzte.
Die Gärtner brachten neue Varietäten, die einer künstlichen Haut, von roten Adern durchzogen, glichen; und die Mehrzahl, wie zerfressen von Aussatz, spannten ihr bleiches Fleisch aus, gefleckt mit Ausschlag und behaftet mit Flechten; andre hatten den hellen rosa Ton von sich schließenden Wunden, oder die bräunliche Färbung des sich bildenden Schorfes; noch andre waren wie von Ätzmitteln verbrüht und von Brandwunden zerstört; wieder andre zeigten eine haarige Haut wie von Geschwüren ausgehöhlt und vom Krebs zerfressen; noch andre schienen mit Verband belegt, mit quecksilberhaltiger schwarzer Schmiere und grüner Belladonnasalbe bestrichen, mit dem gelben Glimmer des Jodpulvers gesprenkelt.
„Potztausend!“ rief er entzückt aus.
Eine neue Pflanze von gleichartigem Modell wie das des Caladium, die Alocasia Metallica begeisterte ihn noch mehr. Sie war wie mit einer Schicht grüner Bronze überstrichen, über die silberne Reflexe hinliefen; es war ein Meisterwerk der Unnatürlichkeit, man möchte sagen, es gliche einem Stück Ofenrohr, von einem Töpfer aus grünem Eisen gefertigt.
Die Leute luden dann rautenförmige, flaschengrüne Blattpflanzen ab, in deren Mitte ein Stäbchen aufstieg, an dessen Ende ein großes Herzas schwankte, gelackt wie die spanische Pfefferschote. Wie um die alltäglichen Erscheinungen der Pflanzen zu verhöhnen, sprang aus der Mitte von scharfem Rot ein fleischiger, faseriger, weiß und gelber Schwanz hervor, aufrecht bei den einen, bei den andern geringelt wie der Schwanz eines Schweines.
Es war das Anthurium, eine Arumart, kürzlich von Kolumbia nach Frankreich eingeführt; sie bildete einen Teil dieser Familie, zu der auch ein Amorphophallus gehörte; eine Pflanze aus Kochinchina mit fischstecherartig geschnittnen Blättern mit langen schwarzen, mit Narben bedeckten Stielen, gleich vernarbten Gliedern eines Negers.
Herzog Jean frohlockte.
Man hob einen neuen Schub von Ungeheuern aus dem Wagen: Echinopsen, deren in Watte gehüllte Blüten das häßliche Rosa eines verstümmelten Gliedes hatten; Nidularium, das in Säbelscheiden eine gähnende Öffnung zeigte; Tillandsia Lindeni, die schartige Messer von dicker, roter Farbe hervorsteckte; Cypripedium, mit wirrigen, zerrissnen Rändern, eine wahnsinnige Hervorbringung der Natur. Sie glichen einer kleinen Schale, einem Holzschuh, über dem sich eine menschliche Zunge aufschürzte mit ausgestrecktem Zungenband, wie man sie wohl in Werken, die Hals-und Mundkrankheiten behandeln, abgebildet findet. Zwei kleine Flügelchen, rot wie Ebereschen, die einer Kindermühle entnommen zu sein schienen, vervollständigten dieses lächerliche Gesamtbild.
Er konnte seine Augen nicht abwenden von dieser unglaublichen aus Indien kommenden Orchidee. Die Gärtner, die sich infolge der Verzögerungen langweilten, fingen jetzt an, mit lauter Stimme die an den Töpfen steckenden Zettel selbst vorzulesen.
Herzog Jean setzte seine Betrachtungen fort; er hörte nahezu bestürzt die rauhen Namen der grünen Pflanzen ankündigen: Encephalartos Horridus, eine riesenhaft eiserne Artischocke, rostfarbig gezeichnet, so, wie man sie auf die Türen der Schloßmauern steckt, um das Übersteigen zu verhindern; Cocos Micania, eine Art Palme, zackig und schlank, allseitig von hohen Blättern gleich indianischen Rudern umgeben; Zamia Lehmanni, eine ungeheure Ananas, wie ein gewaltiger Chesterkäse in Heideland gepflanzt und auf seiner Spitze mit widerhakigen Wurfspießen besät; Cibotium Spectabile, das alle Gattungen durch seine wahnsinnige Form überbietet; aus einem palmigen Blätterwerk schießt der enorme Schwanz eines Orang-Utangs heraus, ein haarig brauner Schwanz, am Ende wie zu einem Bischofsstab abgerundet.
Aber der Herzog beachtete sie kaum und wartete nur mit Ungeduld die Serie von Pflanzen ab, die ihn vor allen bezauberten, die vegetabilischen leichenfressenden Kobolde, die fleischverzehrenden Pflanzen, Gobe-Mouche, der Fliegenfänger der Antillen, mit dem faserigen Rand, der eine Verdauungsflüssigkeit absondert und mit gebognen Stacheln versehn ist, die sich übereinander krümmen und ein Gitter über dem Insekt bilden, das er einschließt; die Drosera des Torflandes, mit drüsenartigen Haaren besetzt; die Sarracena, der Cephalothus mit seinen offnen, gefräßigen Hörnchen, fähig, wirkliches Fleisch zu verdaun und aufzuzehren; schließlich noch Nepenthes, dessen Phantasien alle Grenzen der exzentrischen Form überschreiten.
Er wurde nicht müde, den Topf in seinen Händen zu drehn und umzudrehn, aus dem diese Extravaganz der Flora hervorkam. Die Pflanze erinnerte an den Gummibaum, von dem sie auch die länglichen Blätter hatte, mit ihrem dunkeln metallischen Grün; aber am Ende dieses Blattes hing ein grüner Bindfaden, der sich einer Nabelschnur vergleichen läßt und eine grünliche Urne trägt, violett marmoriert, eine Art deutsche Porzellanpfeife oder sonderbares Vogelnest, das sich ruhig hin und her wiegte und ein mit Haaren besetztes Innre zeigte.
„Die hat es weit gebracht,“ murmelte der Herzog.
Er mußte sich seinem Entzücken entreißen, denn die Gärtner, die es eilig hatten, leerten den Boden ihrer Karren und stellten knollige Begonien und schwarze Krebsblumen auf die Erde.
Der Herzog bemerkte, daß noch ein Name auf der Liste blieb. Der Cattleya von Neu-Granada; man bezeichnete ihm eine geflügelte Glocke von verwischtem, fast verblaßtem Lilablau; er ging näher und steckte seine Nase hinein, doch prallte er erschrocken zurück; sie strömte einen Geruch von lackiertem Tannenholz aus, wie der von Spielzeugschachteln, die ihm die Schrecken eines Neujahrstages wachriefen.
Er dachte, daß es gut wäre, ihr zu mißtrauen, bedauerte fast, zwischen den geruchlosen Pflanzen, die er besaß, diese Orchidee zugelassen zu haben, die so unangenehme Erinnerungen erweckte.
Als er allein war, betrachtete er diese Menge von Gewächsen, die sein Vorzimmer füllte; sie mischten sich miteinander, kreuzten ihre Degen, ihre langen Dolche, ihre eisernen Lanzen, sie bildeten eine grüne Gewehrpyramide, über der, gleich barbarischen Lanzenfähnlein, Blumen von blendendem, hartem Ton schwebten.
Die Luft in dem Raum verdünnte sich; bald darauf schlängelte sich ein weißes, sanftes Licht im Dunkel eines Winkels und nahe dem Fußboden.
Er trat hinzu und bemerkte, daß es die Rhizomorphen waren, die beim Atmen gleichsam einen Nachtlampenschimmer ausstrahlen.
„Diese Pflanzen sind geradezu erstaunlich,“ sagte er zu sich; dann trat er zurück und warf einen Blick auf den Haufen: sein Zweck war erreicht. Keine einzige machte den Eindruck des Natürlichen; Stoff, Papier, Porzellan, Metall, sie schienen der Natur vom Menschen geliehn zu sein, um solche Extravaganzen hervorzubringen.
„Es ist wahr,“ fuhr Herzog Jean fort, „daß in den meisten Fällen die Natur allein unfähig ist, solche ungesunden, verdorbnen Gattungen zu erzeugen; sie liefert den ersten Stoff, den Keim und den Boden, die Nährmutter und die wesentlichen Bestandteile der Pflanze, die der Mensch aufzieht, modelliert, malt und schnitzt je nach seinem Gefallen.
So eigensinnig, so verworren, so beschränkt sie auch ist, sie hat sich schließlich ergeben, und ihr Meister hat es dahin gebracht, durch chemische Gegenwirkungen die Substanzen der Erde zu verändern, lang gereifte Zusammenstellungen, langsam vorbereitete Kreuzungen anzuwenden, sich geschickter Ableger, methodischer Pfropfreiser zu bedienen, und er bildet jetzt auf demselben Zweig Blumen verschiedner Farbe, erfindet für sie neue Nuancen und ändert nach seinem Willen die hundertjährige Form ihrer Pflanzen; er schleift die Blöcke ab, vollendet die Entwürfe, zeichnet sie mit seinem Stempel, drückt ihnen sein Kunstsiegel auf.
„Kein Zweifel,“ meinte er und faßte seine Betrachtungen zusammen, „der Mensch kann in wenigen Jahren eine Zuchtwahl herbeiführen, die die faule Natur nur nach Jahrhunderten hervorzubringen vermag; heutzutage sind entschieden die Gärtner allein die wahren Künstler.“
Er fühlte sich etwas angegriffen und erstickte fast in der Atmosphäre der eingeschloßnen Pflanzen; die Wege, die er seit ein paar Tagen gemacht hatte, hatten ihn ermüdet; der Wechsel der freien Luft und der lauwarmen Temperatur seiner Wohnung, die Unbeweglichkeit eines zurückgezognen Lebens und die Bewegung eines freien Daseins waren zu schroff gewesen. Er verließ sein Vorzimmer und legte sich aufs Bett; aber mit einem einzigen Gegenstand beschäftigt, wie durch eine Federkraft in Bewegung gesetzt, fuhr der Geist, obgleich eingeschläfert, fort, seine Kette abzuwickeln; und es dauerte nicht lange, bis er der düstern Macht des Alps verfiel.
Er befand sich in einer Allee mitten im Gehölz. Es dämmerte, er ging an der Seite einer Frau, die er nie gekannt, noch je gesehn hatte. Sie war mager, hatte flachsgelbes Haar, ein Bulldoggengesicht voller Sommersprossen, schiefe Zähne, die unter der Stumpfnase hervorstanden. Sie trug eine große weiße Schürze, ein Tuch aus Büffelleder über die Brust geschlagen, halbhohe preußische Soldatenstiefel und eine schwarze Haube mit Rüschen verziert.
Sie schien eine Fremde und sah aus wie eine dem Jahrmarkt entlaufne Gauklerin.
Er fragte sich, wer dieses Weib sein möge, das er schon seit langem in seiner Intimität fühlte; er suchte vergeblich nach ihrem Ursprung, ihrem Namen, ihrem Gewerbe, ihrem Recht, neben ihm zu sein; ihm kam keine Erinnerung an diese unerklärliche Bekanntschaft, die doch zweifellos war.
Er forschte noch immer in seinem Gedächtnis, als plötzlich vor ihnen eine seltsame Figur zu Pferde erschien, die plötzlich herantrabte und sich dann im Sattel herumdrehte.
Jetzt erstarrte sein Blut vor Schrecken in den Adern, wie gebannt blieb er an seinem Platz. Dieses doppelsinnige Gesicht, ohne Geschlecht, war grün, mit entsetzlichen Augen von kaltem, klarem Blau, die unter violetten Augenlidern hervorsahn; Ausschlag umgab den Mund; außergewöhnlich magre Arme, wie die eines Skeletts, nackt bis zum Ellbogen, staken aus zerrißnen Ärmeln hervor, zitternd vor Fieber, und fleischlose Lenden klapperten in übergroßen Reiterstiefeln.
Der entsetzliche Blick dieser Augen heftete sich auf Herzog Jean, durchdrang ihn, erstarrte ihn bis zum Mark; die Frau mit dem Bulldoggengesicht klammerte sich in wahnsinniger Angst an ihn, stieß ein Todesgeheul aus, den Kopf auf den steifen Hals hintenüber geworfen.
Und sogleich begriff er den Sinn dieser furchtbaren Erscheinung. Er hatte das Bildnis der Lustseuche vor sich.
Außer sich und von Furcht getrieben warf er sich in einen Querweg, erreichte laufend einen Pavillon, der zwischen Ebenholzbäumen stand; dort sank er in einem Korridor auf einen Stuhl nieder.
Nach einigen Minuten, als er anfing wieder zu Atem zu kommen, vernahm er ein Schluchzen neben sich, er richtete den Kopf in die Höhe … die Frau mit dem Bulldoggenkopf stand vor ihm; und jämmerlich grotesk weinte sie heiße Tränen, jammernd, daß sie während der Flucht ihre Zähne verloren habe, indem sie aus der Tasche ihrer großen weißen Schürze Tonpfeifen hervorzog, die sie zerbrach; und die Stücke der weißen Röhren steckte sie in die Löcher ihres Zahnfleisches.
Teufel, jetzt wird sie ganz verrückt, dachte der Herzog, die Pfeifenrohrstücke werden niemals festsitzen, — und in der Tat, sie fielen auch alle eins nach dem andern wieder aus.
Im selben Augenblick vernahm er den Galopp eines Pferdes. Eine furchtbare Angst erfaßte den Herzog; fast brachen seine Knie unter ihm zusammen; der Galopp kam näher; die Verzweiflung trieb ihn wie mit einem Peitschenhieb in die Höhe. Er warf sich auf das Weib, das auf den zerbrochnen Tonstücken herumtrampelte, und flehte sie an, ruhig zu sein, sie beide nicht zu verraten durch den Lärm ihrer Stiefel. Sie schlug mit Händen und Füßen um sich, er schleifte sie bis zum Ende des Korridors und erwürgte sie fast, um sie am Schreien zu hindern; plötzlich bemerkte er eine Wirtshaustür mit grünem Laden, ohne Klinke; er stieß sie auf, nahm einen Anlauf, blieb aber plötzlich stehn.
Vor sich, mitten in einer weiten Lichtung, sah er riesige, weiße Pierrots bei hellem Mondschein Bocksprünge machen.
Tränen der Entmutigung stiegen ihm in die Augen; niemals, nein niemals könnte er die Schwelle der Tür überschreiten.
Ich würde zertreten werden, dachte er, — und wie um seine Befürchtungen zu rechtfertigen, vervielfältigte sich die Zahl der ungeheuern Hanswürste; ihre Sprünge nahmen jetzt den ganzen Horizont und den ganzen Himmel ein, gegen den sie abwechselnd bald mit ihren Köpfen, bald mit ihren Füßen stießen.
Jetzt hielt das Pferd an. Es war da, … hinter einem runden Fenster in dem Korridor; mehr tot als lebendig drehte sich der Herzog um und sah durch das Fensterchen hindurch die steifen graden Ohren, die gelben Zähne, die Nasenlöcher, aus denen Dampf strömte, der nach Phenol roch.
Er sank nieder; er verzichtete auf fernern Kampf wie auf die Flucht; er schloß die Augen und machte sich auf alles gefaßt, ersehnte selbst, nur um zu einem Ende zu kommen, den Gnadenstoß. Ein Jahrhundert, das zweifellos nur eine Minute dauerte, verging; zitternd und schaudernd öffnete er wieder die Augen. — Alles war verschwunden; ohne Übergang, wie durch einen Aussichtswechsel, wie durch einen Dekorationstrick sah er eine abscheuliche Landschaft von Gestein in der Ferne verschwinden, eine wüste, bleiche, durchwühlte, tote Landschaft; diese schaurige Gegend war von einem ruhigen weißen Licht erhellt, das an die Strahlen des in Öl aufgelösten Phosphors erinnerte.
Auf dem Boden bewegte sich etwas, das sich als ein sehr blasses, nacktes Weib erwies, dessen Beine mit grünen Strümpfen bekleidet waren.
Er betrachtete sie neugierig; wie mit heißem Eisen gebrannte Pferdehaare kräuselte sich ihr Haar, an der Spitze gespalten; Urnen von Nepenthes hingen an ihren Ohren; wie gekochtes Kalbfleisch glänzte das Innere ihrer weit geöffneten Nasenlöcher. Mit verzückten Augen rief sie ihn leise.
Er hatte nicht Zeit zu antworten, denn schon veränderte sich das Aussehn dieses Weibes; Flammen schossen aus ihren Augen; ihre Lippen färbten sich mit wildem feurigen Rot.
Eine plötzliche Erkenntnis überkam ihn: das ist die Blume, sagte er sich.
Er entdeckte auf der Haut des Körpers schwarzbraune, kupferrote Flecke; er schreckte verstört zurück, aber das Auge des Weibes zog ihn zauberisch an, langsam trat er näher und versuchte, nicht weiter zu gehn, er sank nieder und raffte sich dennoch wieder auf, um sich ihr zu nähern. Schon berührte er sie fast, als plötzlich schwarze Amorphophallen von allen Seiten hervorsprangen und sich auf den Leib des Weibes losstürzten, der sich hob und senkte wie ein wildbewegtes Meer. Er schob sie beiseite, stieß sie zurück und empfand einen grenzenlosen Widerwillen, während er zwischen seinen Fingern diese warmen, aber festen Stengel wimmeln sah; dann waren die abscheulichen Pflanzen plötzlich wieder verschwunden, und zwei Arme suchten ihn zu umschlingen; die Angst machte sein Herz heftig schlagen, denn die Augen, die schrecklichen Augen des Weibes hatten einen kalten grausamen, entsetzlichen Ausdruck angenommen. Er machte eine übermenschliche Anstrengung, um sich ihrer Umarmung zu entwinden, aber mit unwiderstehlicher Gewalt hielt sie ihn zurück, erfaßte ihn, und mit irrem Blick sah er unter dem hochgehobnen Schenkel das wilde Nidularium sich klaffend und blutend entfalten.
Er streifte mit seinem Körper die scheußliche Wunde dieser Pflanze; er fühlte sich dem Tode nahe … da fuhr er plötzlich aus dem Schlaf auf, halb erstickt, eiskalt, fast wahnsinnig vor Angst, atmete er erleichtert auf und seufzte:
„Gott sei Dank, daß es nur ein Traum war!“