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Anhang

Je ne vis pas non plus M. Villemain; sa femme de ménage me dit qu’il n’était pas visible, parce que c’était un jeudi, le jour où il se lave. En descendant l’escalier, je vis en bas un écriteau avec l’inscription: „Parlez au concierge“, et je m’empressai d’adresser quelques paroles obligeantes à ce brave homme; je lui fis mon compliment sur la propreté de son illustre locataire qui se lave tous les jeudis. „Voyez-vous, lui dis-je, la propreté est une chose très rare chez les savants, et, par exemple, ce célèbre Casaubonus ne se lavait qu’une fois par an, le mardi gras, peut-être pour se déguiser.“ Le pipelet me fit une profonde révérence, et d’une voix soupirante il me répondit: „Vous êtes très honnête, monsieur, je dois vous détromper. L’illustre individu que je m’honore de compter parmi mes locataires ne fait pas une trop grande consommation d’eau de Seine, il n’enrichit pas les Auvergnats, et, sous le rapport de la propreté, il est un peu Casaubonus.“ A ces mots il se mit à rire, et moi je m’en allai en riant également sans savoir pourquoi. Pour me donner des allures françaises je me dandinais et je fredonnais l’air: „Où allez-vous, monsieur l’abbé? vous allez vous casser le nez“, lorsque sur mon chemin je vis surgir un grand édifice que l’on me dit être le Panthéon. Il y avait là également une inscription, mais en marbre, et au lieu d’un „Parlez au portier“, on y lisait: „Aux grands hommes la patrie reconnaissante“. En entrant jene vis qu’un énorme édifice plein de vide, une espèce de ballon en pierre, dans le milieu duquel se promenait tout seul un long et sec Anglais, ayant son „Guide de Paris“ dans la bouche et les pouces de ses mains accrochés aux échancrures de son gilet. Je m’approchai de lui très poliment et lui dis: „A very fine exhibition!“ j’ajoutai même „very fine indeed!“ car j’espérais qu’en me répondant il laisserait son Guide tomber de sa bouche, comme dans la fable le corbeau laissa tomber de son bec le fromage. Mais le Guide dont je voulais m’emparer pour y chercher quelques renseignements ne tomba pas; le corbeau anglais tint ses dents serrées, et, sans faire la moindre attention à moi, il sortit. J’en fis de même, le suivant de près jusqu’au portique. Là, devant le péristyle, je remarquai la figure joufflue d’une grosse commère, d’une femme aux grandes mamelles, comme on représentait alors la déesse de la liberté. C’était probablement la portière du Panthéon. Il me sembla que la vue du fils d’Albion l’avait mise en très bonne humeur. En me faisant un signe d’intelligence, avec ses petits yeux qui pétillaient dans sa grosse face comme des vers luisants, elle se gaussa du pauvre Anglais, et j’entendis pour la première fois ce gros rire gaulois qu’on ne connaît pas chez nous, et qui est très bonasse et très moqueur à la fois, comme le vin généreux de France ou un chapitre de Rabelais. Rien n’est plus contagieux qu’une pareille hilarité, et moi-même je me mis à rire de bon cœur, comme je n’avais jamais ri dans mon pays. Pour entamer une conversation avec cette gaillarde et amusante personne, il me vint l’idée de lui demander où étaient les grands hommes dont parlait l’inscription de cet hôtel de la reconnaissance nationale. A cette question la bonne rieuse éclata d’un rire encore plus étourdissant, les larmes lui vinrent aux yeux, elle dut se tenir le ventre pour ne pas étouffer, et prenant haleine à chaque mot, elle répondit: „Ah! vous venez ici dans un mauvais moment. A l’heure qu’il est les grands hommes sont très rares chez nous: ils n’ont pas donné à la dernière récolte; mais nous espérons que la prochaine sera bien meilleure; nos grands hommes en herbe poussent d’une manière prodigieuse et promettent beaucoup. Si vous voulez voir ces grands hommes futurs, qui sont encore infiniment petits dans ce moment, vous n’avez qu’à vous rendre à un établissement situé tout près d’ici, sur le boulevard Montparnasse, et qu’on nomme la Grande Chaumière. Là est la pépinière dansante de ces petits grands hommes, de ces marmousets de la gloire qui seront un jour l’orgueil de la France et la joie du genre humain; vous tombez bien, car c’est aujourd’hui un jeudi …“ La folle rieuse n’en pouvait plus, et lorsque je pris congé d’elle pour m’acheminer vers l’endroit indiqué, j’entendis encore longtemps l’écho de sa gaieté.

En quelques minutes j’arrivai à ce Panthéon provisoire des futurs grands hommes de France, qu’on appelle la Grande Chaumière. C’est un nom auquel la pensée républicaine attache probablement une signification occulte, car le chaume est l’emblème de la vie frugale et laborieuse, et il devient le symbole de ces prolétaires qui démoliront les superbes palais de l’orgueil et du vice aristocratiques, pour élever à leur place le foyer des bonnes mœurs et de la vertu, la Grande Chaumière du peuple. J’entrai dans le sanctuaire de l’établissement qui porte le nom symbolique, et je ne regrette guère les dix sous payés à l’entrée. J’y vis en effet les grands hommes futurs de la France, ces petits grands hommes dont le front reflétait déjà l’aurore de leur gloire, je vis ces héros de l’avenir dont la vie et les hauts faits plus ou moins mirobolants seront décrits par un Plutarque qui est encore à naître, ou qui suce dans ce moment à la mamelle de sa mère, s’il n’est par hasard nourri au biberon. Tous ces personnages appartenaient à la cause républicaine, et portaient le costume d’une forte conviction, c’est-à-dire un énorme feutre et un gilet à la Robespierre avec des revers d’une largeur démesurée et aussi blanc que la conscience de l’Incorruptible! Chacun y était avec sa chacune, et les jeunes Jacobins dansaient avec leurs jeunes Jacobines. Il y avait des Caton en droit et des Brutus en médecine; il y avait des Sempronia exerçant la couture et des Portia giletières ou culottières, enfin la fine fleur du quartier des écoles. Ces grisettes citoyennes étaient très jolies et aussi vertueuses que permet de l’être le climat du pays latin; toutes sans exception étaient des républicaines enragées: on dit qu’elles changent souvent leurs amants, mais jamais leurs opinions. J’étais bien tombé, car ce jour-là le père Lahire, le directeur de l’établissement, pour ainsi dire le garde champêtre de cette grande Chaumière, était b … ….. colère, comme on disait au temps du Père Duchesne. Cet individu d’une force athlétique, et rageur par nature, m’amusa beaucoup par la brutalité naïve avec laquelle il surveillait la décence de son public. Une pauvre petite, dont le fichu s’était un peu dérangé dans la ferveur d’une contredanse, se sauva toute tremblante, à son seul regard menaçant. Il chassa honteusement une autre petite citoyenne, qu’il trouvait égalemen trop décolletée. Ce monstre ignorait qu’à Sparte les jeunes filles dansaient nues avec les jeunes gars lacédémoniens, sans que jamais la chasteté ait couru grand risque dans la ville de Lycurgue. C’est que la pudeur d’une femme est un rempart pour sa vertu, plus sûr que toutes les robes du monde, quelque peu échancrées qu’elles soient au-dessus de la gorge. Le père Lahire est la terreur en personne pour les danseurs qui outrepassent les bornes d’un cancan honnête. Il empoigna deux néo-Robespierre par leurs collets, et tenant avec ses longues mains chacun d’eux suspendu au-dessus du sol, comme jadis Hercule fit avec Antée, il les porta ainsi jusqu’au delà de la porte; il jeta après eux un petit Saint-Just, qui avait marronné à la vue de cet acte de tyrannie. Celui-ci se releva, décrotta sa redingote, redressa sa haute cravate, et protesta contre cette violation des droits de l’homme, en nommant le père Lahire un Polignac. L’orchestre jouait dans ce moment la Marseillaise.

Je dus à cet incident la connaissance d’une jeune personne qui se trouvait à côté de moi, et que je protégeais contre la foule curieuse. Elle était très mignonne, sa bouche était en cœur, ses yeux noirs étaient presque trop grands, et il y avait quelque chose de mutin dans la coupe de son nez retroussé, dont les narines finement ciselées se gonflaient de plaisir à chaque fanfare de la musique. On l’appelait mademoiselle Joséphine, ou Joséphine et même Fifine tout court. Lorsqu’elle apprit que j’étais Allemand, elle fut très contente, et me pria de lui faire cadeau d’une peau d’ours, car depuis des années, disait-elle, elle désirait posséder une peau d’ours pour en faire une descente de lit; que c’était son rêve! Elle me croyait plus septentrional que je ne l’étais, et probablement ces dames s’imaginent que dans mon pays on n’a qu’à étendre la main pour saisir un ours au collet et faire bonne prise de sa peau. Elle était si insouciante, son sourire était si caressant, son petit parler était si doux, son gazouillement résonnait si délicieusement dans mon cœur, que j’aurais très volontiers, quelque bon patriote que je sois, sacrifié les peaux de tous les ours d’Allemagne pour plaire à cette enchanteresse française. Je notai tout de suite sa demande sur mon carnet, et en prenant son adresse je lui promis qu’elle me verrait bientôt arriver chez elle avec ma peau d’ours allemande. En attendant je la priai de me faire l’honneur d’accepter de moi un fruit plus méridional, c’est-à-dire une orange. Elle accepta sans cérémonie, en disant qu’après les pieds de cochon à la Sainte-Menehould, ce qu’elle aimait le plus, c’étaient les oranges. „Mais pour ceux-là, les pieds de cochon, ajouta-t-elle, je les adore, je les idolâtre, et pour ce plat je ferais des bassesses.“ Pendant que mademoiselle Joséphine mangeait et savourait son orange, ou pour employer sa propre locution, pendant qu’elle s’identifiait avec elle, je tâchai de l’entretenir d’une manière aussi agréable qu’instructive. A propos des peaux d’ours je lui parlai zoologie, j’abordai même la question la plus scabreuse de l’anatomie comparée, le question de la queue, à savoir si l’homme primitif a été doué d’une queue comme les singes, et si la race humaine a plus tard perdu cet ornement antédiluvien par quelque maladie plus ou moins honorable. Mademoiselle Joséphine fut émerveillée de ma grande érudition, et à plusieurs reprises elle me dit: „Monsieur, vous irez loin!“ Je ne doute pas qu’elle ne m’ait donné un bon coup d’épaule, en faisant la propagande de mes talents dans tout le faubourg Saint-Jacques et les rues adjacentes. C’est par les femmes que les réputations se font à Paris.

Quelque grande que soit ma gratitude envers elle, je suis pourtant forcé d’avouer avec franchise que dans mon entretien avec mademoiselle Joséphine je m’aperçus que la pauvre fille était très ignorante, et qu’elle ne connaissait même pas les notions ethnographiques les plus élémentaires. Elle ignorait, par exemple, que la ville de Hambourg est une république comme autrefois Athènes, et qu’elle est située près d’Altona, où se trouve le tombeau de Klopstock. Elle ne savait guère non plus quelle différence il y a entre les Prussiens et les Russes, entre la schlague et le knout. Elle s’imaginait que l’astronomie était une invention de M. Arago, et quand je lui appris que la terre, le globe que nous habitons, tourne continuellement autour du soleil, elle s’écria: „Quelle horreur! la seule idée d’un tel tournoiement me donne le vertige!“ Son corps grêle et délicat frémit comme un tremble, et elle reprit: „Qui vous a donc dit que la terre tourne autour du soleil!“ Quand je répondis que c’était un Polonais nommé Copernic, elle haussa les épaules et s’écria: „Un Polonais? alors je n’en crois pas un mot. Il faut toujours se méfier de ce que disent les Polonais; ils n’ont pas inventé la vérité. Vous autres Allemands, avec votre profond savoir, vous êtes trop crédules. Est-ce que chez vous les femmes aussi croient à ces billevesées d’un tournoiement de la terre qui font en même temps tourner le cœur? alors elles sont probablement moins nerveuses que nous, Françaises, et elles peuvent aussi, pour cette raison, supporter des études plus fortes; on m’a dit que les Allemandes sont mille fois plus instruites que nous, et qu’elles savent par cœur toutes les momies d’Égypte. En vérité, nous autres jeunes personnes en France sommes mal éduquées, nous n’apprenons rien du tout, et moi qui vous parle, voyez-vous, je n’ai reçu aucune instruction: tout ce que je sais de l’histoire naturelle je l’ai appris de moi-même.“

En flatteur galant je taxai d’exagération ces aveux d’ignorance nationale, et j’allai même jusqu’à rabaisser un peu outre mesure l’instruction des demoiselles allemandes. Je soutins qu’elle n’était pas aussi parfaite qu’on se le figure à l’étranger qu’elle était même très défectueuse, et que, par exemple, j’avais vu dans ma patrie des jeunes filles soi-disant bien élevées qui ne savaient pas chanter les chansons grivoises de Béranger! „C’est impossible!“ s’écria mademoiselle Joséphine.

Je me souviens aujourd’hui, à propos de cette excellente personne, des paroles de Méphistophélès qui, en faisant boire à Faust de la coupe enchantée, lui dit: „Avec ce breuvage dans le ventre, tu prendras chaque cotillon pour une Hélène.“ La nouveauté du genre est le philtre qui opère le même charme sur tout Allemand nouveau débarqué à Paris. Il raffole du minois de la première grisette venue, comme il est ravi de la cuisine du plus mauvais gargotier du Palais Royal où l’on dîne à deux francs par tête. Mais ce sont pour lui de nouveaux mets avec des sauces étrangères. Plus tard on a des nausées en se rappelant d’avoir avalé cette ratatouille équivoque et ultra-épicée; car nous avons dîné depuis dans des restaurants de bonne compagnie, avec des dames de bonne compagnie, et nous y avons appris à apprécier ces plats à la fois piquants et simples qui sont cuits à point, arrangés avec art, parfois un peu faisandés, mais toujours d’un goût exquis.

Le soir du même jour que j’avais visité la Grande Chaumière, où je vis les grands hommes de France encore dans l’état embryonique, un de mes compatriotes qui était déjà répandu dans le monde, m’introduisit dans un local qui avait quelque analogie avec celui dont je viens de parler. Le sexe féminin y était en majorité. C’est là que je fis la connaissance d’un grand homme qui alors était arrivé à l’apogée de sa grandeur. Depuis, sa célébrité a baissé, mais en France rien n’est stable, et les grands hommes s’éclipsent bien vite; ils arrivent pour disparaître.

Ich sah auch nicht Herrn Villemain; seine Wirtschafterin sagte mir, daß er nicht zu sehen sei, weil Donnerstag wäre und er sich donnerstags wasche. Als ich die Treppe hinunterstieg, sah ich unten ein Schild mit der Aufschrift: „Bitte sich an den Pförtner zu wenden“, und ich beeilte mich, an diesen braven Mann einige verbindliche Worte zu richten; ich beglückwünschte ihn zu der Sauberkeit seines berühmten Mieters, der sich jeden Donnerstag wäscht. „Sehen Sie“, sagte ich zu ihm, „die Sauberkeit ist bei den Gelehrten eine sehr seltene Sache, und jener berühmte Casaubonus zum Beispiel wusch sich nur einmal im Jahr, zur Fastnacht, vielleicht um sich zu verkleiden.“ Der Pförtner machte eine tiefe Verbeugung und antwortete mit klagender Stimme: „Sie sind sehr ehrenwert, mein Herr, ich muß Sie enttäuschen. Die berühmte Persönlichkeit, die zu meinen Mietern zu zählen ich die Ehre habe, hat keinen allzu großen Verbrauch an Seinewasser, sie bereichert die Auvergnaten nicht und ist bezüglich der Sauberkeit ein wenig Casaubonus.“ Bei diesen Worten begann er zu lachen, und ich ging fort und lachte gleichfalls, ohne zu wissen warum. Um mir französische Allüren zu geben, wiegte ich mich in den Hüften und summte die Melodie: „Wohin gehen Sie, Herr Abbé? Sie werden sich die Nase brechen“, als ich auf meinem Wege ein großes Gebäude auftauchen sah, das das Pantheon sein sollte, wie man mir sagte. Auch dort war eine Inschrift zu lesen, aber in Marmor, und anstelle eines „Bitte sich an den Pförtner zu wenden“ las man: „Den großen Männern das dankbare Vaterland.“ Als ich eintrat, sah ich nur ein riesiges Gebäude, das mit Leere angefüllt war, eine Art von steinernem Ballon, in dessen Mitte ganz allein ein langer und trockener Engländer umherspazierte, der seinen „Führer durch Paris“ im Munde hatte und die Daumen seiner Hände in die Ärmelausschnitte seiner Weste eingehängt hatte. Ich näherte mich, ihm sehr höflich und sagte: „A very fine exhibition!“, ich fügte sogar hinzu: „Very fine indeed!“; denn ich hoffte, daß er seinen Reiseführer aus dem Munde fallen lassen würde, wenn er mir antwortete, wie der Rabe in der Fabel den Käse aus seinem Schnabel fallen ließ. Doch der Reiseführer, dessen ich mich bemächtigen wollte, um darin einige Auskünfte zu suchen, fiel nicht; die Zähne des englischen Raben blieben zusammengepreßt, und ohne mir die geringste Aufmerksamkeit zu schenken, ging er hinaus. Ich tat das gleiche und folgte ihm auf dem Fuße bis zur Säulenhalle. Dort, vor dem Peristyl, bemerkte ich das pausbäckige Gesicht einer dicken Gevatterin, einer großbusigen Frau, wie man damals die Göttin der Freiheit darstellte. Das war wahrscheinlich die Türsteherin des Pantheons. Der Anblick von Albions Sohn schien sie in sehr gute Laune versetzt zu haben. Indem sie mir mit ihren kleinen Augen, die in ihrem dicken Gesicht wie Glühwürmchen schimmerten, ein Zeichen des Einverständnisses zublinkerte, machte sie sich über den armen Engländer lustig, und ich hörte zum erstenmal jenes derbe gallische Lachen, das man bei uns nicht kennt und das zugleich sehr gutmütig und sehr spöttisch ist, wie der edle französische Wein oder ein Kapitel von Rabelais. Nichts ist ansteckender als eine solche Heiterkeit, und ich selbst begann herzlich zu lachen, wie ich niemals in meiner Heimat gelacht hatte. Um mit dieser munteren und amüsanten Person ein Gespräch anzuknüpfen, kam mir der Gedanke, sie zu fragen, wo die großen Männer wären, von denen die Inschrift dieses Hauses der nationalen Dankbarkeit sprach. Bei dieser Frage brach die gute Lacherin in ein noch betäubenderes Lachen aus, die Tränen traten ihr in die Augen, sie mußte sich den Bauch halten, um nicht zu ersticken, und während sie bei jedem Wort nach Luft schnappte, erwiderte sie: „Ah! Sie kommen in einem schlechten Augenblick. Zur Zeit sind die großen Männer bei uns sehr rar: die letzte Ernte hat nichts eingebracht; wir hoffen aber, daß die nächste weit besser sein wird; unsere künftigen großen Männer wachsen gewaltig heran und verheißen viel. Wenn Sie diese großen Männer der Zukunft, die augenblicklich noch unendlich klein sind, sehen wollen, dann brauchen Sie sich nur in ein Etablissement zu begeben, das hier ganz in der Nähe liegt, auf dem Boulevard Montparnasse, und das man die Grande Chaumière nennt. Dort ist die tanzende Pflanzstätte jener kleinen großen Männer, jener Knirpse des Ruhms, die eines Tages der Stolz Frankreichs und die Freude des Menschengeschlechts sein werden; Sie kommen gerade recht, denn heute ist Donnerstag …“ Die närrische Lacherin konnte nicht mehr, und als ich mich von ihr verabschiedete, um mich zu dem angegebenen Ort auf den Weg zu machen, hörte ich noch lange das Echo ihrer Heiterkeit.

In wenigen Minuten langte ich bei jenem provisorischen Pantheon der künftigen großen Männer Frankreichs an, das man die Grande Chaumière nennt. Das ist ein Name, dem der republikanische Gedanke wahrscheinlich eine geheime Bedeutung beimißt, denn der Strohhalm ist das Sinnbild einfachen und arbeitsamen Lebens, und er wird das Symbol jener Proletarier, die die stolzen Paläste des aristokratischen Hochmuts und Lasters zerstören werden, um an ihrer Stelle das Haus der guten Sitten und der Tugend, die Grande Chaumière des Volkes, zu errichten. Ich betrat das Heiligtum des Etablissements mit dem symbolischen Namen, und die zehn Sous, die ich am Eingang zahlte, tun mir nicht leid. Ich sah dort tatsächlich die künftigen großen Männer Frankreichs, jene kleinen großen Männer, auf deren Stirn bereits ein Abglanz der Morgenröte ihres Ruhmes lag, ich sah jene Helden der Zukunft, deren Leben und mehr oder weniger erstaunliche Heldentaten ein Plutarch beschreiben wird, der noch geboren werden muß oder der in diesem Augenblick an der Brust seiner Mutter saugt, wenn er nicht zufällig mit der Flasche ernährt wird. All diese Personen hatten sich der republikanischen Sache verschrieben und trugen das Gewand einer starken Überzeugung, das heißt einen riesigen Filzhut und eine Weste à la Robespierre mit Aufschlägen, die übermäßig breit und so rein waren wie das Gewissen des Unbestechlichen! Jeder war dort mit seiner jeden, und die jungen Jakobiner tanzten mit ihren jungen Jakobinerinnen. Man sah dort Catonen der Jurisprudenz und Brutusse der Medizin; Sempronias, die die Schneiderei betrieben, und Portias, die Westen oder Hosen nähten, kurz: die Blüte des Studentenviertels. Diese Grisetten-Bürgerinnen waren sehr hübsch und so tugendhaft, wie es das Klima des lateinischen Landes zu sein erlaubt; alle waren ausnahmslos erbitterte Republikanerinnen: es heißt, daß sie häufig ihre Liebhaber wechselten, doch niemals ihre Ansichten. Ich war zur rechten Zeit gekommen, denn an jenem Tage war der Vater Lahire, der Direktor des Etablissements, sozusagen der Feldhüter dieser großen Chaumière, verfl … wütend, wie man zur Zeit des Père Duchesne sagte. Dieses Individuum, von athletischer Kraft und von Natur jähzornig, amüsierte mich sehr durch die naive Brutalität, mit der er den Anstand seines Publikums überwachte. Eine arme Kleine, deren Busentuch im Eifer eines Kontertanzes ein wenig in Unordnung geraten war, flüchtete zitternd und bebend bei seinem bloßen drohenden Blick. Eine andere kleine Bürgerin, die gleichfalls zu tief dekolletiert war, verjagte er schimpflich. Dieses Ungeheuer wußte nicht, daß die jungen Mädchen in Sparta nackt mit den jungen lakedämonischen Burschen tanzten, ohne daß in der Stadt des Lykurg die Keuschheit jemals in große Gefahr geraten wäre. Die Züchtigkeit einer Frau ist nämlich ein Schutzwall ihrer Tugend, sicherer als alle Kleider der Welt, sowenig ausgeschnitten sie über dem Busen auch sein mögen. Der Vater Lahire ist der personifizierte Schrecken für die Tänzer, die die Grenzen eines sittsamen Cancan überschreiten. Er packte zwei Neo-Robespierres an ihren Kragen, hielt sie mit seinen beiden langen Armen über dem Boden in der Schwebe, wie es einstmals Herkules mit Antäus machte, und schleppte sie so zur Tür hinaus; einen kleinen Saint-Just, der sich beim Anblick dieses Aktes der Tyrannei mausig gemacht hatte, schmiß er ihnen nach. Dieser erhob sich wieder, putzte seinen Rock ab, rückte seine hohe Krawatte zurecht und protestierte gegen diese Vergewaltigung der Menschenrechte, wobei er den Vater Lahire einen Polignac nannte. Das Orchester spielte in diesem Augenblick die Marseillaise.

Diesem Zwischenfall verdankte ich die Bekanntschaft einer jungen Person, die sich an meiner Seite befand und die ich vor der neugierigen Menge schützte. Sie war allerliebst, ihr Mund war herzförmig, ihre schwarzen Augen waren fast zu groß, und es lag etwas Eigensinniges im Schnitt ihrer Stupsnase, deren feingeschwungene Flügel sich bei jedem Tusch der Musik vor Vergnügen blähten. Man nannte sie Mademoiselle Joséphine oder Joséphine und sogar einfach Fifine. Als sie erfuhr, daß ich Deutscher sei, war sie sehr zufrieden und bat mich, ihr ein Bärenfell zu schenken, denn seit Jahren, sagte sie, wünschte sie sich, ein Bärenfell zu besitzen, um daraus einen Bettvorleger zu machen; welch ein Wunschtraum! Sie hielt mich für nördlicher, als ich war, und wahrscheinlich bilden sich diese Damen ein, daß man in meiner Heimat nur die Hand auszustrecken braucht, um einen Bären am Schlafittchen zu packen und mit seinem Fell einen guten Fang zu machen. Sie war so unbekümmert, ihr Lächeln war so einschmeichelnd, ihr niedliches Geschwätz so süß, ihr Gekicher klang so köstlich in meinem Herzen wider, daß ich sehr gern, ein so guter Patriot ich auch sein mag, die Felle aller deutschen Bären geopfert hätte, um dieser französischen Zauberin zu gefallen. Ich trug ihre Bitte sogleich in mein Notizbuch ein, und als ich ihre Adresse erhielt, versprach ich ihr, daß ich mich mit meiner deutschen Bärenhaut bald bei ihr einstellen würde. Unterdessen bat ich sie, mir die Ehre zu erweisen, eine südlichere Frucht, nämlich eine Orange, von mir anzunehmen. Sie nahm ohne weiteres an, wobei sie sagte, daß ihr die Orangen gleich nach den Schweinsfüßen à la Sainte-Menehould das liebste wären. „Was aber die Schweinsfüße anlangt“, fügte sie hinzu, „so liebe ich sie leidenschaftlich, ich vergöttere sie, und für dieses Gericht würde ich Niederträchtigkeiten begehen.“ Während Mademoiselle Joséphine genießerisch ihre Orange verzehrte oder, um ihre eigene Redewendung zu gebrauchen, während sie sich mit ihr identifizierte, bemühte ich mich, sie auf so angenehme wie lehrreiche Art zu unterhalten. In Zusammenhang mit den Bärenfellen sprach ich zu ihr über Zoologie, ich berührte sogar die heikelste Frage der vergleichenden Anatomie, die Frage des Schwanzes, ob nämlich der primitive Mensch wie die Affen mit einem Schwanz ausgestattet gewesen sei und ob die menschliche Rasse diese vorsintflutliche Zierde durch eine mehr oder weniger ehrenhafte Krankheit verloren habe. Mademoiselle Joséphine war über meine große Gelehrsamkeit aufs höchste verwundert, und mehrmals sagte sie zu mir: „Sie werden es weit bringen, Monsieur!“ Ich zweifle nicht, daß sie mir unter die Arme gegriffen hat, als sie für meine Talente im ganzen Faubourg Saint-Jacques und den angrenzenden Straßen Reklame machte. In Paris verdankt man sein Ansehen den Frauen.

Wie groß auch meine Dankbarkeit ihr gegenüber sein mag, so muß ich dennoch freimütig gestehen, daß ich während meiner Unterhaltung mit Mademoiselle Josephine bemerkte, daß das arme Mädchen sehr unwissend war und daß sie nicht einmal die elementarsten ethnographischen Begriffe kannte. Sie wußte zum Beispiel nicht, daß die Stadt Hamburg eine Republik ist wie einst Athen und daß sie in der Nähe von Altona liegt, wo sich das Grab Klopstocks befindet. Sie wußte auch kaum, welcher Unterschied zwischen Preußen und Russen, zwischen Stockschlägen und Knutenhieben besteht. Sie bildete sich ein, daß die Astronomie eine Erfindung des Herrn Arago sei, und als ich ihr beibrachte, daß die Erde, der Erdball, auf dem wir wohnen, unausgesetzt um die Sonne kreist, rief sie aus: „Wie schrecklich! Der bloße Gedanke eines solchen Gedrehes macht mich schwindlig!“ Ihr dünner, zarter Körper schauderte wie eine Zitterpappel, und sie fuhr fort: „Wer hat Ihnen denn gesagt, daß die Erde um die Sonne kreist!“ Als ich erwiderte, daß es ein Pole war namens Kopernikus, zuckte sie die Schultern und rief: „Ein Pole? Dann glaube ich kein Wort davon. Man muß dem, was die Polen sagen, immer mißtrauen; sie haben die Wahrheit nicht erfunden. Ihr Deutschen mit eurer tiefen Gelehrsamkeit seid zu gutgläubig. Glauben bei euch auch die Frauen an diese Hirngespinste von einer Umdrehung der Erde, bei der sich zugleich das Innere umdreht? Dann sind sie wahrscheinlich weniger nervös als wir Französinnen und können aus diesem Grunde auch schwierigere Studien ertragen; man sagte mir, daß die deutschen Frauen tausendmal gelehrter sind als wir und daß sie alle ägyptischen Mumien auswendig kennen. Tatsächlich sind wir jungen Mädchen in Frankreich schlecht erzogen, wir lernen überhaupt nichts, und ich, die ich mit Ihnen spreche, sehen Sie, ich habe keinerlei Unterricht gehabt: alles, was ich von der Naturgeschichte weiß, habe ich von mir selbst gelernt.“

Als galanter Schmeichler hielt ich diese Geständnisse nationaler Unwissenheit für Übertreibung, und ich ging sogar so weit, die Bildung der deutschen Fräuleins etwas über Gebühr herabzusetzen. Ich behauptete, daß sie nicht so vollkommen sei, wie man sie sich im Ausland vorstellt, daß sie sogar sehr unvollkommen sei und daß ich zum Beispiel in meinem Vaterlande sogenannte guterzogene junge Mädchen gesehen hätte, die nicht die kecken Lieder Bérangers singen konnten! „Unmöglich!“ rief Mademoiselle Josephine aus.

Ich erinnere mich heute im Zusammenhang mit dieser ausgezeichneten Person der Worte des Mephistopheles, der, als er Faust aus dem Zauberbecher trinken ließ, zu ihm sagte: „Du siehst mit diesem Trank im Leibe bald Helenen in jedem Weibe.“ Die Neuheit der Gattung ist der Liebestrank, der auf jeden frisch in Paris gelandeten Deutschen den gleichen Zauber ausübt. Er ist in das niedliche Frätzchen der ersten besten Grisette genauso vernarrt, wie ihn die Küche des übelsten Garkochs vom Palais Royal entzückt, wo man für zwei Franken pro Kopf diniert. Aber für ihn sind es neue Gerichte mit ausländischen Saucen. Späterhin erregt es einem Übelkeit, wenn man sich daran erinnert, daß man diesen unbestimmbaren und übermäßig gewürzten Mischmasch hinuntergeschluckt hat; denn inzwischen haben wir in feinen Restaurants mit feinen Damen diniert, und dort haben wir die so pikanten wie einfachen Gerichte zu schätzen gelernt, die, gar gekocht und kunstvoll angerichtet, manchmal ein wenig nach Wild riechen, dabei aber stets köstlich schmecken.

Am Abend desselben Tages, an dem ich die Grande Chaumière besucht hatte, wo ich die großen Männer Frankreichs noch im Embryonalzustand sah, führte mich einer meiner Landsleute, der in der Gesellschaft bereits bekannt war, in ein Lokal ein, das mit demjenigen, von dem ich soeben gesprochen habe, einige Ähnlichkeit aufwies. Das weibliche Geschlecht war in der Überzahl. Hier machte ich die Bekanntschaft eines großen Mannes, der damals auf dem Gipfel seiner Größe angelangt war. Seitdem hat seine Berühmtheit nachgelassen, aber in Frankreich ist nichts beständig, und die großen Männer tauchen sehr schnell unter; sie kommen nur, um wieder zu verschwinden.